diumenge, 23 de novembre del 2008

Corse: Une mutation sanction?

Corse: Une mutation sanction?
Quelques jours après l'occupation de la villa de Christian Clavier, ami de Nicolas Sarkozy, par une cinquantaine de militants nationalistes, Dominique Rossi, coordinateur des forces de sécurité de l'île, a été démis de ses fonctions et muté à l'IGPN. Loin du scénario bon-enfant du film L'Enquête Corse, l'opposition et un syndicat de police dénoncent les copinages et s'interrogent sur cette décision.
Après l'occupation de la villa de Christian Clavier, Dominique Rossi a été muté à l'IGPN. Une sanction?
Y a-t-il un lien entre l'amitié que porte Nicolas Sarkozy à l'acteur Christian Clavier, présent au Fouquet's le soir de son élection, et la décision prise hier au ministère de l'Intérieur, de limoger le responsable de la sécurité en Corse après une trop grande tolérance à l'égard d'un mouvement nationaliste qui a touché le comédien? La question est posée, mais l'Elysée se refuse à y répondre, et renvoie à Beauvau.Samedi dernier, une cinquantaine de militants nationalistes font irruption dans la villa de l'acteur de Porto-Vecchio. Ils occupent symboliquement le jardin pendant une heure pour protester contre la "spoliation foncière" des Corses sur leur île. Ils veulent dénoncer "le plan d'aménagement et de développement durable de la Corse", qui fait, selon eux, "la part trop belle à la colonisation de peuplement, favorisant ainsi l'installation de non-Corses". Au début du mois, ces mêmes militants séparatistes avaient occupé les agences bancaires de la BNP à Bastia (Haute-Corse) et Ajaccio (Corse-du-Sud), et obtenu l'annulation d'un projet immobilier visant à favoriser l'accession à la propriété d'étrangers ne résidant pas en Corse. Cette fois-ci, à Porto-Vecchio, il semble que ce soit le scénario de la bande-dessinée L'Enquête Corse, adapté au cinéma avec précisément Clavier à l'affiche, qui les ait inspirés. Trop grande toléranceQuoi qu'il en soit, ce samedi-là, le comédien est absent. Les intrus sont donc reçus par le personnel. Après avoir profité à loisir de la vue sur la plage de Palombaggia, une des plus réputées de l'île, les manifestants finissent par se disperser dans le calme. Malgré la présence de gendarmes, Dominique Rossi, le M. Sécurité de l'île de Beauté, semble avoir choisi de "tolérer" cette action plutôt que de l'empêcher par la force, au risque d'éventuels incidents. Bien mal lui en a pris. Ce laisser-aller ne semble pas avoir été du goût des hautes sphères de l'État. Lundi en fin de journée, Dominique Rossi a reçu un appel téléphonique du ministère de l'Intérieur lui signifiant son limogeage. Plus tard, on apprenait qu'il serait muté à l'IGPN (l'Inspection générale de la police nationale, la police des polices) et que Gilles Leclair, actuellement chargé du crime organisé et de la délinquance financière à la Direction centrale de la PJ, le remplacerait.Le coordinateur des services de sécurité intérieure (CSSI) dans l'île n'aurait "pas pris les mesures nécessaires pour protéger ce lotissement afin d'empêcher l'envahissement d'une propriété privée", a expliqué le ministère, revenant sur une décision que Michèle Alliot-Marie a prise "seule", précise-t-on. Sa hiérarchie reprocherait à Rossi d'avoir laissé se dérouler cette occupation juste après une manifestation officielle d'élus et de militants indépendantistes, à Porto-Vecchio, contre un plan d'aménagement de la Corse. De surcroît, une note de la Direction centrale du renseignement intérieur l'avait informé la veille qu'une occupation du lotissement était projetée sur la villa de Clavier, entre autres."Il n'y a pas eu de faute"Suffisant pour démettre Dominique Rossi de ses fonctions? Pour François Bayrou, la réponse est non. Il n'y a eu ni dégradation, ni violences, ni graves dysfonctionnements au cours de cette action, constate le président du Modem. D'après lui, ce limogeage est intolérable car directement lié au fait que Christian Clavier soit un ami personnel du président de la République. "C'est le fait du prince, ce sont des décisions arbitraires et disproportionnées et qui montrent à quoi on arrive quand les pouvoirs sont ainsi concentrés entre les mêmes mains, quand le copinage avec les puissants remplace la raison d'Etat", expliquait-il sur les ondes de France Inter.Le premier secrétaire du parti socialiste François Hollande, tout en condamnant la violation de domicile, s'est aussi étonné. "Je veux croire que ce n'est pas parce que c'est le domicile de Christian Clavier qu'il y a cette sanction. En matière de sécurité il n'y a pas des citoyens qui seraient plus protégés que d'autres", a-t-il dit sur Europe 1. "Que ce soit simplement parce que le jardin d'un ami du président ait été occupé, que ce soit le motif qui entraine la révocation d'un haut fonctionnaire, tout ça ne donne pas une bonne image de la République, en tout cas de celui qui est le président", a-t-il déclaré sur RTL.Emmnanuel Roux, secrétaire général adjoint du Syndicat des commissaires et hauts fonctionnaires de police, a aussi regretté la sanction de Dominique Rossi sur France info, soulignant que son métier était "d'arbitrer" les décisions d'ordre public. "Son choix était excellent parce qu'il n'y a pas eu de dégâts, il n'y a pas eu de faute", a-t-il dit. François Fillon pour sa part, a estimé que le gouvernement n'avait pas de comptes à rendre. "Le gouvernement décide des fonctions des hauts-fonctionnaires et ne rend pas de comptes sur ces questions", a-t-il dit lors d'un déplacement consacré à la rentrée scolaire.Dominique Rossi, natif de l'île de 59 ans, qui a le grade élevé de contrôleur général, chapeautait jusqu'ici police et gendarmerie sur l'île de Beauté, un poste sensible compte tenu des centaines d'attentats enregistrés annuellement. Il avait été directeur de cabinet du préfet délégué à la sécurité, Christian Lambert, au moment de l'arrestation d'Yvan Colonna, condamné dans l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac, en 2003. Le poste de coordonnateur avait été ensuite créé sur mesure pour lui. Il faut croire qu'il a pris trop de libertés avec ce costume qu'on avait spécialement taillé pour lui.
JDD