divendres, 30 de novembre del 2007

Et Yvan Colonna, alors, il y était ? Ben, je ne sais pas"

Et Yvan Colonna, alors, il y était ? Ben, je ne sais pas"


ur les épaules fatiguées et dans les traits tirés de deux femmes, la vie, épaisse, dense, est enfin entrée dans le prétoire. Jeudi 29 novembre, Nicole Huber Balland et Michèle Alessandri ont témoigné devant la cour d'assises de Paris qui juge Yvan Colonna.
La première est agricultrice, la seconde cuisinière. Elles sont les compagnes et épouse de deux des membres du commando, Joseph Versini, condamné à quinze ans de prison, Pierre Alessandri, à la réclusion criminelle à perpétuité et qui depuis, s'accuse d'avoir été le tireur qui a abattu Claude Erignac le 6 février 1998.
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Signes particuliers : elles ont passé des aveux qui mettent en cause Yvan Colonna dans l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella et l'assassinat du préfet, et elles demeurent toujours en Corse, la première à Cristinacce, la seconde à Cargèse.
Ce qu'elles éprouvent à cet instant, dans ce lieu, en jurant de dire "toute la vérité, rien que la vérité", avec Yvan Colonna dans le box à quelques mètres d'elles, sa famille et ses amis massés dans leur dos et la veuve du préfet Erignac et ses enfants à leur gauche, claque au visage de tous ceux qui les observent. Cette responsabilité les écrase. Aux questions du président, elles répondent le moins possible, tenant leurs mots en laisse de peur qu'ils ne les emportent et elles s'accrochent comme des noyées à ceux qu'elles ont préparés.
Nicole Huber Balland répète une dizaine de fois que pendant sa garde à vue, elle était "dans la confusion la plus totale" et qu'elle avait "dit n'importe quoi". Michèle Alessandri commence toutes ses phrases par : "J'étais complètement déstabilisée." Sur procès-verbal, la compagne de Joseph Versini avait raconté le récit que lui avait livré son concubin, de l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella. L'épouse de Pierre Alessandri avait confié, pour sa part, son "inquiétude", lorsqu'elle avait vu son mari partir en voiture en fin d'après-midi le 6 février avec Yvan Colonna et un troisième homme qu'elle ne connaissait pas. "Je me doutais que Pierre allait faire une bêtise." Elle avait dit encore comment, après avoir reçu un signal de son mari dans la nuit - une double sonnerie sur le fax - elle était allée le chercher le lendemain matin chez Alain Ferrandi, un autre membre du commando, et qu'il se trouvait encore en compagnie d'Yvan Colonna. "J'ai dit ces noms comme ça, au hasard, sans penser aux conséquences", répète-t-elle comme un automate.
De l'une et de l'autre, le président lit les procès-verbaux, qui, au fil des auditions de garde à vue se font précis, circonstanciés. Apparaissent entre les lignes, les récits de deux femmes et mères inquiètes de l'engagement nationaliste de leurs compagnons et qui, après le 6 février 1998, ont vécu avec "un point d'angoisse sur le coeur" sans jamais "oser leur poser des questions".
Cette lecture publique leur est un supplice dont on aimerait qu'il s'arrête. "C'était les policiers", répètent-elles.
"Mais aujourd'hui, madame, vous dites quoi ?, demande un des assesseurs à Michèle Alessandri.- Je ne comprends pas votre question.- Etes-vous allée chercher votre mari ce matin-là ?- Oui.- Et il y avait qui ?- Ferrandi, mon mari... Sa voix reste suspendue.- Et Yvan Colonna ?- J'ai dit qu'il y était, mais c'était les policiers.- Alors, il y était ?- Ben, je sais pas, souffle-t-elle.- Il y était ?", insiste le juge.
Elle hésite, puis lâche : "Non." Le président enchaîne. "En fait, tout est vrai dans votre récit, mais on efface Yvan Colonna, c'est cela ?" Elle le dévisage, muette. Me Benoît Chabert, avocat de la partie civile, l'interroge à son tour. "Pensez-vous que dans cette affaire, tout le monde a pris ses responsabilités ?
- C'est à eux de répondre à la question. Moi, je sais que mon mari les a prises.- Et le bilan de tout cela pour vous, madame ?, intervient le président, Dominique Coujard.- C'est une affaire très, très... très violente. Moi, je suis une victime, victime d'être la femme de Pierre. Je vis avec.- Vous n'avez rien à dire à M. Colonna ?- Non.- Et vous, M. Colonna, avez-vous quelque chose à dire à Mme Alessandri ? Un silence lui répond.- Quelles relations entretenez-vous aujourd'hui avec la famille Colonna ?, demande encore le président.- On se croise au village, on se dit bonjour."
Pascale Robert-Diard

dijous, 29 de novembre del 2007

29 novembre 2007 ."Je pense souvent à Ivan".Le monde"

“Je pense souvent à Yvan…”
On va beaucoup parler d’elles au procès Colonna et on a déjà commencé, mercredi. Le juge antiterroriste Gilbert Thiel en a livré quelques phrases à la barre, en soulignant qu’elles avaient “beaucoup compté” pour lui. Ce sont deux lettres écrites de prison, après ses aveux, par Pierre Alessandri, l’ami d’Yvan Colonna qui l’a désigné comme le tireur le soir de l’assassinat du préfet Claude Erignac. Elles sont adressées à Stéphane Colonna.
La première date du 2 juin 1999.
“J’espère que cette épreuve n’a pas modifié ton amitié envers moi et ma famille et que tu jetteras un oeil sur Michèle et les enfants (…) Je sais que ça doit être difficile pour tes parents ainsi que pour les miens d’admettre certaines choses, mais il faut que tout le monde essaie de nous comprendre, c’est capital et vital pour nous”.
La seconde est écrite le 25 juin.
“ Pendant ma garde à vue, notre garde à vue, on s’est retrouvé dans la situation de faire un choix humain ou un choix militant. Le choix militant consistait à se taire et à laisser embarquer dans la galère toutes les femmes, les amis, qui n’avaient rien à y voir, toi y compris. Ou alors, faire un choix humain qui n’est pas bon pour nous, par rapport à ce qu’on risque, mais il fallait dégager tout le monde en avouant.
Tu peux me croire, c’est une épreuve terrible et je suis toujours en train de me demander si on a fait le bon choix: l’avenir nous le dira. Cet avenir, il passe par une prise de conscience des Corses. Je crois que nos actes ont amené tout le monde au pied du mur, j’espère que le bon sens l’emportera. (…)
Je pense souvent à Yvan en me demandant s’il a fait le bon choix et quand je descends en promenade et que je vois l’état de la prison, les ordures accrochées aux poubelles, la crasse dans les douches, les morceaux de crépi qui me tombent dessus du plafond quand je dors, je me dis que peut-être, il est mieux là où il est, va savoir (…) J’espère que ton père a gardé le moral et la force de s’occuper des oliviers que vous avez plantés”.
Dix-sept mois plus tard, Pierre Alessandri a rétracté ses aveux concernant Yvan Colonna. Après sa condamnation à perpétuité au printemps 2003, il s’est désigné comme le tireur du 6 février 1998.

Le juge Bruguière esquive les attaques des avocats de Colonna .Liberation

Le juge Bruguière esquive les attaques des avocats de Colonna
PATRICIA TOURANCHEAU
QUOTIDIEN : jeudi 29 novembre 2007

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A force de torpiller à tout va, la défense d’Yvan Colonna a raté hier sa cible, à savoir l’instruction à charge contre le berger de Cargèse. Les quatre avocats de l’accusé comptaient laminer les trois juges antiterroristes qui ont conduit la procédure sur l’assassinat du préfet Erignac. Mais avant Laurence Le Vert et Gilbert Thiel, le premier vice-président du tribunal J ean-Louis Bruguière qui révisait ce volumineux dossier depuis deux semaines, a contré la défense.
Leitmotiv. Ainsi, sur la question du refus des magistrats de procéder à une reconstitution du crime à Ajaccio qui revenait tel un leitmotiv au fil des audiences, Jean-Louis Bruguière a opposé le fait qu’il y en a eu deux : «Une première reconstitution à chaud en mars 1998 avec les témoins visuels et une seconde en juin 1999 avec les mis en examen» qui a échoué. Selon le juge, les membres du commando arrêtés le 21 mai 1999, «avaient manifesté leur volonté d’y participer, Maranelli, Alessandri et Ferrandi, même s’il était plus circonspect. Nous l’avons donc organisée, nous avons fait repositionner un échafaudage et des voitures, et surtout demandé à la ville d’Ajaccio qui avait renforcé l’éclairage public de mettre la même luminosité que le 6 février 1998. Mais une fois arrivés à Ajaccio, la défense a conseillé aux mis en examen de ne pas participer». Insistant, Me Sollacaro ne comprend pas pourquoi «on ne peut pas faire jouer les rôles des mis en examen par des figurants, et reconstituer les faits avec le médecin légiste et le balisticien». Jean-Louis Bruguière rétorque : «Si nous avions essuyé ce refus avant, nous aurions différé la reconstitution ou prévu des figurants, mais nous avons été pris de court». La défense persiste à réclamer a posteriori cette reconstitution indispensable selon Me Gilles Simeoni pour vérifier «si avec trois hommes [du commando, ndlr] dans la rue, ça marche, alors que les témoins des faits n’en ont vu que deux».
Le magistrat antiterroriste conteste ce «postulat» : «Il n’y pas deux hommes, mais trois. L’examen attentif des témoignages qui ne sont pas concordants, je vous le concède, de Mme Contart et de sa fille [Libération du 22 novembre] qui passaient en voiture démontre qu’elles n’ont pas vu les mêmes personnes». La mère en a vu un en haut de la rue du théâtre Kalliste où le préfet a été abattu. Sa fille a vu le «tireur» blond au milieu de la rue et a aperçu un brun en bas. «Ça en fait trois. En plus, un autre témoin voit trois hommes s’enfuir», maintient Bruguière qui finit par en avoir marre de se voir reprocher de ne pas avoir organisé une autre reconstitution : «On ne peut rester en permanence avec, au-dessus de la tête, l’épée de Damoclès de la stratégie collective du blocage, du refus des mis en examen soit de répondre, soit de se prêter à une reconstitution. Si on avait retenté, qu’est-ce qui nous prouve qu’ils n’auraient pas encore refusé?»
Le président Coujard intervient : «Vous signifiez que la justice n’est pas le self-service de la bonne volonté des uns ou des autres».
Tout à la thèse du complot contre Yvan Colonna dont le nom aurait été suggéré par un policier, la défense prend maintenant pour bête noire un… avocat corse. Me Simeoni demande au juge si la «stratégie collective du refus des mis en examen, qui ont la particularité d’être défendus par le même Me Stagnara, n’a pas commencé en garde à vue ?» Le juge qui a mis en examen et entendu Ferrandi et Alessandri, «en présence de Me Stagnara», précise que «l’un et l’autre ont tenu à s’exprimer alors que la loi ne les y obligeait pas».
Réitérés. S’il convient «qu’une empreinte génétique a un poids supérieur à des témoignages et des aveux», le juge Bruguière les tient pour «des preuves admissibles en droit français» et n’a pas de doute sur les aveux réitérés des membres du commando qu’il a entendus, ni sur l’audition «émouvante» de Mme Ferrandi qui, libérée au bout de trois jours de garde à vue, a «accepté de venir témoigner dans mon bureau». «Cette femme était bouleversée. Elle savait que son mari ne ressortirait pas. Elle m’a expliqué sur procès-verbal qu’Yvan Colonna, Pierre Alessandri et son mari sont arrivés chez eux et qu’elle a appris la mort du préfet juste après par la télévision. Elle a eu cet échange rapide et pathétique avec son mari qui avait compris qu’elle avait compris. Elle m’a dit : “A cet instant, ma vie a basculé”. Je revois cette femme en pleurs. Le juge que j’étais ne pouvait pas ne pas céder à l’émotion. Elle n’était pas dans la suggestion.»

dimecres, 28 de novembre del 2007

Doute au procès d'un nationaliste corse accusé d'avoir tué un préfet

Doute au procès d'un nationaliste corse accusé d'avoir tué un préfet


Photo AFP
Agence France-Presse
Paris
Le procès à Paris d'Yvan Colonna, un berger et nationaliste corse soupçonné d'avoir tué de trois balles dans la nuque le préfet de cette île méditerranéenne en 1998, est entré lundi dans une phase décisive, alors que le doute sur la culpabilité de l'accusé s'est installé.







Cet assassinat, le premier d'un préfet en France, avait provoqué une vive émotion dans le pays et dans cette île française de la Méditerranée régulièrement touchée par des attentats de mouvements indépendantistes corses.Le procès d'Yvan Colonna, ouvert depuis le 12 novembre, est le dernier volet judiciaire de l'assassinat du plus haut représentant de l'État en Corse par un commando d'indépendantistes dont six membres sont déjà sous les verrous, purgeant des peines allant de 15 ans de prison à la réclusion à perpétuité.C'est pendant leur procès, en juillet 2003, que la police a mis un terme à plus de quatre années de cavale d'Yvan Colonna, débusqué dans le maquis corse.Pour les enquêteurs, Colonna, 47 ans, est le septième homme du «groupe des anonymes», des déçus des mouvements nationalistes historiques alors en pleine lutte fratricide, qui ont planifié cet assassinat commis dans une rue d'Ajaccio alors que le préfet se rendait à pied à un concert.Après avoir longuement défendu devant la Cour d'assises spéciale de Paris son enquête très contestée, l'ex-chef de la police antiterroriste Roger Marion a affirmé à la barre que pour lui Yvan Colonna était «bien évidemment» le septième homme du commando.Il a ajouté que sa conviction se basait sur «les déclarations concordantes» des témoins et les aveux des complices présumés.«La mise en cause d'Yvan Colonna résulte des aveux de Didier Maranelli», le premier de ses complices présumés qui a donné son nom aux enquêteurs, a-t-il précisé. Tous se sont ensuite rétractés.Pendant les deux premières semaines de procès, la défense d'Yvan Colonna s'est employée à semer le doute en déclarant que l'enquête avait été marquée par des «errements» et qu'une «guerre des polices», une rivalité entre services, avait ralenti les investigations, ce que M. Marion a récusé.La défense a vivement attaqué l'instruction, et des commentateurs ont commencé à évoquer l'éventualité d'un acquittement.La défense a appelé vendredi les deux acquittés du précédent procès, qui ont accusé la police de «pressions» lors d'interrogatoires «à charge».Aucun témoin du drame n'a reconnu Yvan Colonna. Le médecin légiste a même suggéré que l'assassin aurait été de grande taille, supérieure à celle de l'accusé.Le successeur de Claude Erignac, le préfet Bernard Bonnet, rival de Roger Marion et qui doit être de nouveau entendu par la cour, a lui-même fait part de ses «doutes» sur la culpabilité d'Yvan Colonna.Yvan Colonna s'est, lui, adressé directement à la veuve, aux enfants et au frère du préfet Erignac en plein procès pour leur dire: «Ce n'est pas moi qui ai tué votre mari, votre père, votre frère».La partie la plus serrée débutera jeudi pour la défense lorsque commenceront à comparaître les six membres du commando condamnés lors d'un premier procès en 2003. Durant l'enquête, quatre d'entre eux ont désigné Yvan Colonna comme leur complice, affirmant que c'était lui qui tenait l'arme du crime.Ces dénonciations détaillées, formulées à partir de mai 1999, ont été maintenues quelque 17 mois, avant que les quatre ne se rétractent en choeur.Le verdict doit être rendu le 12 décembre par les sept magistrats de cette cour spéciale, formée pour les affaires de terrorisme.

dimarts, 27 de novembre del 2007

Roger Marion continue de tenir Yvan Colonna pour coupable, Bernard Bonnet pense qu'il a "le profil"

Roger Marion continue de tenir Yvan Colonna pour coupable, Bernard Bonnet pense qu'il a "le profil"
LEMONDE.FR avec AFP 26.11.07 En savoir plus avant les autres, Le Monde.fr vous fait gagner du temps. -ors d'un témoignage très attendu devant la cour d'assises spéciale de Paris, lundi 26 novembre, Roger Marion, l'homme qui a dirigé l'enquête sur l'assassinat du préfet Claude Erignac, a de nouveau défendu son travail et a réaffirmé que l'enquête avait été menée "dans le respect de la déontologie policière".



A la question d'un des avocats des parties civiles qui lui demandait si M. Colonna avait bien, selon lui, participé au groupe ayant perpétré le meurtre du préfet, Roger Marion s'est montré catégorique. "Bien évidemment", a-t-il lancé, soulignant "les déclarations concordantes" des témoins et des complices présumés. "La mise en cause d'Yvan Colonna résulte des aveux de Didier Maranelli", a-t-il par ailleurs révélé, faisant allusion à l'un des quatre complices présumés, qui se sont par la suite rétractés. Convaincu de la culpabilité d'Yvan Colonna, Roger Marion se défend de l'avoir délibérément pris pour cible. "Il s'agissait d'aller chercher les frères Colonna, pour le moins", se souvient-il. Un temps soupçonné, Stéphane Colonna a été innocenté, sans que M. Marion n'explique clairement pourquoi. "LE PROFIL POUR APPARTENIR À CE COMMANDO"
Après le témoignage de M. Marion, qui a duré bien plus longtemps que prévu, c'est une autre figure clé du procès qui s'est présentée à la barre, le successeur de Claude Erignac au poste de préfet de la Corse, Bernard Bonnet. Celui-ci s'est montré moins catégorique quant à la culpabilité d'Yvan Colonna, tout en reconnaissant qu'il "a le profil pour appartenir à ce commando".
Il n'est toutefois pas allé jusqu'à dire que l'assassin présumé avait tiré les trois balles dans la nuque du préfet. "Corte ne m'a jamais dit qui avait tiré sur le préfet", a-t-il expliqué, citant l'informateur, alors anonyme, qui lui avait permis de capturer six membres du commando, en 1998. Il a précisé que ce même informateur n'avait jamais mentionné le nom de l'accusé. M. Bonnet en a également profité pour lancer une pique à l'encontre de Roger Marion, qui a longtemps privilégié la piste des syndicalistes agricoles corses dans cette affaire, estimant que ces informations"ont peut-être permis, quand l'enquête était enlisée dans une piste agricole, de l'extraire de cette impasse". Il s'est toutefois défendu d'avoir mené "une enquête parallèle qui aurait compromis [et] failli faire échouer l'enquête officielle". "Cette fable, je vais la désarticuler", a-t-il ajouté, tout en reconnaissant qu'il avait "en tant que préfet, recueilli des informations" sur les auteurs de l'attentat

Procès Colonna : les méthodes d'enquête de Roger Marion en accusation

Procès Colonna : les méthodes d'enquête de Roger Marion en accusation
LE MONDE 24.11.07
"epuis plusieurs jours, Yvan Colonna assiste en spectateur à son procès. Mais son entrée en scène est méthodiquement préparée par ses défenseurs. Pour l'heure, chacun a le regard tendu vers le lundi 26 novembre, jour où Roger Marion viendra déposer à la barre. L'ancien responsable de la division nationale de l'antiterrorisme (DNAT) a été la cible principale de tous les témoins convoqués devant la cour, du 21 au 23 novembre, qui ont dressé un récit accusateur de ses méthodes d'enquête et de ses erreurs.

Cela a commencé avec Démétrius Dragacci. Rien ne va plus entre cet ancien patron du SRPJ d'Ajaccio et M. Marion, depuis que le second a écarté le premier de l'enquête sur l'assassinat du préfet Erignac. La polémique s'est aggravée lorsque M. Marion a publiquement accusé son collègue, originaire de Cargèse, d'avoir permis à Yvan Colonna de prendre la fuite en alertant son père sur la surveillance dont le berger faisait l'objet.
Une plainte pour "dénonciation calomnieuse" a été déposée. Mais, devant la cour d'assises, Démétrius Dragacci n'avait pas besoin d'en rajouter. Sa plus belle revanche figure au dossier d'instruction. C'est une pièce datée du 12 février 1998, qu'il avait adressée à sa hiérarchie. "L'assassinat qui, le 6 février 1998, a coûté la vie au préfet Erignac, action revendiquée par un groupe anonyme, relève au vu des éléments jusqu'ici recueillis d'une radicalisation de l'action violente menée par un groupe dissident de l'ex-FLNC", écrivait-il.
- "Le 12, vous aviez quasiment bouclé l'affaire !, s'est exclamé l'avocat général Yves Jannier.
- Restaient à identifier les auteurs", a relevé, faussement modeste, l'ancien commissaire.
Pendant que Démétrius Dragacci se retirait pour "ne pas cautionner une enquête faite dans le désordre", M. Marion et ses hommes de la DNAT allaient s'embourber pendant dix-huit mois sur une fausse piste, convaincus que l'origine de l'assassinat était à rechercher dans le contentieux qui avait opposé le préfet à des syndicalistes agricoles nationalistes. 340 interpellations, 42 mises en examen et au bout de la "piste agricole" de M. Marion, rien.
"PRESSION PSYCHOLOGIQUE"
Cités par la défense, les suspects d'hier, qui ont souvent payé de plusieurs mois de détention provisoire les errements de l'enquête, sont revenus en procureurs devant la cour d'assises. Parmi eux, Dominique Mathieu Filidori, dirigeant du Syndicat corse de l'agriculture, mis en examen pour l'assassinat du préfet avant de bénéficier d'un non-lieu, qui a raconté comment les enquêteurs de la DNAT avaient déposé un sac d'explosifs sur son exploitation pour mieux le confondre ; Stella Castela, qui a dénoncé les conditions humiliantes et la "pression psychologique très forte" de ses heures de garde à vue ; et, surtout l'époux de cette dernière, Jean Castela qui avec Vincent Andriuzzi avaient été présentés comme les "commanditaires" de l'assassinat du préfet et condamnés lors du premier procès de cette affaire à trente ans de réclusion avant d'être acquittés en appel.
Le réquisitoire qu'ils ont livré sur les méthodes de M. Marion et des magistrats antiterroristes répondaient aussi à des considérations stratégiques. Car il s'agit de baliser le terrain pour les jours à venir, lorsque la cour examinera les conditions dans lesquelles les membres du commando et certaines de leurs compagnes ont passé des aveux sur l'assassinat du préfet et dénoncé M. Colonna.
Pascale Robert-Diard

La cour d'assises aborde les errements de l'enquête sur la mort de M. Erignac

La cour d'assises aborde les errements de l'enquête sur la mort de M. Erignac
LE MONDE 26.11.07 11h08 •



n entrant, lundi 26 novembre, dans sa troisième semaine, le procès d'Yvan Colonna aborde les errements de l'enquête sur l'assassinat du préfet Claude Erignac. Les policiers de l'antiterrorisme, dirigés par le commissaire Roger Marion d'un côté, les gendarmes et le préfet Bernard Bonnet, de l'autre, et les juges du pôle antiterroriste de Paris, au milieu, ont souvent agi en ordre dispersé. A tel point qu'en 1999, un rapport de l'Assemblée nationale sur la sécurité en Corse fustigeait la "guerre des services et les logiques personnelles" qui avaient prévalu pendant les dix-huit mois d'enquête sur l'assassinat du préfet.
Huit ans après, les mêmes protagonistes se succèdent devant la cour d'assises spéciale de Paris à partir de lundi 26 novembre, et jusqu'à mercredi : le préfet Marion, ancien patron de la division nationale antiterroriste (DNAT), l'ancien préfet de Corse, M. Bonnet, et les juges Jean-Louis Bruguière, Laurence Le Vert, et Gilbert Thiel.
S'il s'est fourvoyé pendant plusieurs mois sur une mauvaise piste, dite "piste agricole", M. Marion n'en revendique pas moins d'être à l'origine de l'arrestation du commando. Lorsque les policiers procèdent le 21 mai aux premières interpellations de ceux qui déclareront quelques heures plus tard être les auteurs de l'assassinat, M. Marion dispose de relevés téléphoniques qui ont permis à la DNAT d'établir la présence près des lieux du crime, le soir du meurtre, des suspects appréhendés.
Roger Marion a raté Yvan Colonna : "Avant les aveux de ses complices en garde à vue, nous ne disposions d'aucun élément qui le mettait en cause; il n'avait pas de téléphone", se justifie-t-il. Mais le policier assure qu'il avait demandé qu'on "resserre le dispositif de surveillance" mis en place autour de M. Colonna et de son frère. Par la suite, M. Marion s'est défendu en accusant le commissaire Démétrius Dragacci, ancien patron du service régional de police judiciaire (SRPJ) d'Ajaccio, originaire de Cargèse, d'avoir alerté la famille Colonna.
Au moment où se dénoue l'affaire Erignac, M. Bonnet est empêtré dans un autre dossier : l'incendie de la paillote Chez Francis. Incarcéré à la prison de la Santé, il tente de se faire entendre. Voilà plus de six mois, clame-t-il, qu'il a livré la plupart de ces noms au juge Jean-Louis Bruguière, via le procureur de la République de Paris, Jean-Pierre Dintilhac.
"ON VOUS A MENTI"
Pendant l'été 1998, un informateur anonyme a fourni à Bernard Bonnet des renseignements précis sur l'assassinat du préfet Erignac et certains de ses auteurs supposés. Ce mystérieux informateur que M. Bonnet a baptisé "Corte" lui livre une partie du commando, dont son chef Alain Ferrandi, et un certain "Colonna de Cargèse". "Mais là, il y avait une erreur de prénom", admet M. Bonnet lorsqu'il est interrogé par les députés en septembre 1999. M. Bonnet – qui "doute" aujourd'hui de la culpabilité d'Yvan Colonna – ne comprend pas pourquoi le juge Bruguière n'a pas utilisé ces informations.
"Je n'ai jamais été destinataire des notes Bonnet. Jamais. Et si l'on vous a dit le contraire, c'est qu'on vous a menti", s'agace le juge, questionné lui aussi par les députés en septembre 1999. M. Dintilhac lui a bien transmis "verbalement" des informations dont il a refusé de lui indiquer l'origine. "Je me suis même posé la question de savoir si la gendarmerie n'était pas derrière. Je devais donc, dans un contexte délicat, évaluer la validité d'une information dont je ne connaissais ni l'origine, ni le canal", a expliqué M. Bruguière aux parlementaires. Les députés relevaient dans leur rapport d'enquête les "graves carences dans le fonctionnement de la police judiciaire", les "rivalités diverses" à l'origine "de rétentions d'informations qui s'expliquent avant tout par la volonté de chaque service d'aboutir avant les autres".
Yves Bordenave

dissabte, 24 de novembre del 2007

La parole des Corses confisquée par les nationalistes . Declaracions dels anticorsos

La parole des Corses confisquée par les nationalistes
Par Marie-Dominique Roustan-Lanfranchi, de l'Association de défense des droits des Corses dans la République. Avec le procès Colonna, les nationalistes monopolisent les médias, ce qui donne l'impression que le discours indépendantiste domine sur l'île.

Marie-Dominique Roustan-Lanfranchi © DR
Après les dernières visites de Nicolas Sarkozy, et la tenue, dans l'Ile du Conseil des Ministres, la Corse continue de faire la une de l'actualité avec le procès Colonna, et chaque évènement devient une caisse de résonance pour les nationalistes, dont les émissions et journaux télévisées recueillent quasi-exclusivement les propos. J'en suis révoltée, mais aussi profondément attristée. Car beaucoup, qui ne savent rien de la Corse et de ses habitants, ne s'en font une opinion qu'à travers les déclarations de nationalistes insulaires, et s‘imaginent - bien à tort - que tous les Corses auraient les mêmes points de vue que MM. Talamoni, Siméoni et leurs amis, qui ne représentent qu'un courant minoritaire au sein de la population de l‘île. Comme beaucoup d'autres insulaires, je ne supporte plus que la véritable image de la Corse soit en permanence déformée ! J'en ai assez de tous les clichés obligeamment relayés : - Assez que M. Siméoni nous joue le couplet de la Corse hospitalière, où chacun aurait toujours table ouverte pour qui fuit la justice. Serait-il prêt à ouvrir sa porte à des continentaux fuyant la violence des clandestins ? Les plastiquages visant de braves gens dont le seul tort est de ne pas être nés sur l'île, le lâche assassinat de Claude Erignac , du seul fait qu'il était préfet et représentait la République, sont-ils des actes qui pourraient s'accorder avec la notion de l'hospitalité que nous ont enseignée nos aînés ? En Corse y aurait-il désormais deux classes de citoyens : ceux qui, protégés par un label décerné par les nationalistes, auraient droit à tous les égards et le reste de la population ? - Assez que M. Talamoni s'arroge le droit de parler au nom du « peuple corse » lorsqu'il considère par exemple que la France serait un état étranger. Pourquoi ne se limite-t-il pas à s'exprimer en son nom propre, ou au nom de la mouvance qu'il représente plutôt que d'associer la population de l'île à ces conceptions surréalistes et archaïques qu'elle ne partage pas ? Pourquoi feint-il d'ignorer que les Corses aiment, dans leur grand majorité, autant leur pays que leur île ? - Assez qu'eux et quelques autres massacrent nos valeurs ancestrales en trouvant une justification à l'assassinat du préfet Erignac. Assez de cette violence et de ces destructions perpétrées « au nom et pour le bien du peuple corse », qui ne veut surtout pas de ce « bonheur » là ! - Assez que l'attitude ambiguë des gouvernements successifs. La complaisance coupable dont ils ont fait preuve à l'égard de certains groupuscules terroristes a permis à cette violence de devenir un moyen d'expression, de pression et de négociation. - Assez que l'on s'appesantisse davantage sur le sort et les états d'âme des poseurs de bombes que sur les souffrances et le désarroi de leurs victimes. - Assez que l'on prétende qu'en Corse la majorité serait « silencieuse ». Il y a dans l'île des représentants de partis traditionnels, d'organisations syndicales, d'associations, ou même des simples citoyens, qui ne craindraient pas de s'exprimer, et cela sans langue de bois, pour peu qu'on leur en donne l'occasion. - Assez que tant de journalistes ne se rendent pas compte qu'en recherchant systématiquement l'info spectacle, ils passent à côté de la vérité et creusent un fossé d'incompréhension (et pour cause ! ils n'ont droit qu'à un seul « son de cloche » !) entre les Français du continent et les Français de Corse. Les Corses sont des Français comme les autres. Ils n'ont rien de « différent » dans les difficultés qu'ils traversent au quotidien. Ils ne s'estiment pas « particuliers » lorsqu'ils ont pour souci de trouver un emploi et d'assurer l'éducation et l'avenir de leurs enfants. Ils ne pensent pas que leurs aspirations soient « spécifiques » lorsqu'ils demandent enfin à vivre en sécurité, loin des feux déformants des caméras de télévision. Mme Marie-Dominique Roustan-Lanfranchi est président de l'Association de défense des droits des Corses dans la République.

La police accusée par la défense de Colonna .Liberation 24.11

La police accusée par la défense de Colonna
PATRICIA TOURANCHEAU
QUOTIDIEN : samedi 24 novembre 2007

Deux «intellectuels» corses, qui avaient été accusés à tort en 1999 d’avoir commandité l’assassinat du préfet Erignac puis avaient été acquittés en appel en 2006, ont témoigné vendredi devant la cour d’assises spéciale de Paris. Cités par la défense d’Yvan Colonna qui se déclare lui aussi innocent, Vincent Andriuzzi et Jean Castela ont mis en avant les «pressions psychologiques» exercées en garde à vue par les policiers de la division nationale antiterroriste (Dnat).
Professeur de mathématiques, Vincent Andriuzzi, 50 ans, tenue sobre et sombre, a expliqué que, lors de sa seconde arrestation, «les policiers étaient nerveux, fébriles, prononçaient des petites phrases très sèches sur l’avenir qui nous était promis» et qu’ils «avaient un scénario à l’intérieur duquel je devais figurer». Il décide alors de ne plus répondre aux questions et persiste dans ce refus pendant soixante-seize heures. «Très mécontent», le commandant Lebbos, de la Dnat, aurait «comparé la cour d’assises à une arène de corrida où le président en toge rouge fera des allers-retours et à la fin tranchera dans le vif», rapporte le témoin qui n’a toutefois pas craqué ou avoué «des choses inexactes». Le président, Dominique Coujard, qui prépare le terrain pour les auditions futures de membres du commando qui ont désigné Yvan Colonna comme le «tireur», demande si ses «conditions de garde à vue ont été différentes des autres».Vincent Andriuzzi n’en rajoute pas : «Mon intégrité physique a été respectée même si j’en ai entendu de toutes les couleurs». Il certifie qu’il n’a «pas été facile» de résister pendant quatre jours et quatre nuits mais qu’il n’a pas dérogé à sa «position de principe» malgré la garde à vue «sévère» de sa femme dans les mêmes locaux : «Je n’ai pas été maltraité», dit-il.
Attentats. Me Lemaire, pour la famille Erignac, admet l’innocence acquise de Vincent Andriuzzi sur la complicité d’assassinat du préfet mais lui fait préciser qu’il a néanmoins été «condamné à huit ans pour complicité d’association de malfaiteurs pour des attentats commis sur le continent», un à Paris, trois à Mende et un à Strasbourg contre l’Ecole nationale d’administration (ENA).
Plus incisif, J ean Castela, 48 ans, également condamné pour ces attentats à dix ans de prison, n’apprécie pas que Me Lemaire lui fasse remarquer : «Là non plus, vous n’avez jamais reconnu les faits». Jean Castela le tacle : «Je ne veux pas revenir là-dessus. On m’a accusé d’être complice». Aux questions de Me Gilles Siméoni, qui défend finement Yvan Colonna, l’acquitté explique qu’il était accusé à tort d’un attentat par sa femme et avait du mal à justifier de sa présence à Bastia : «Heureusement, c’était le jour de la rentrée des classes et j’avais signé un document au lycée comme quoi je prenais mon poste».
En garde à vue, Jean Castela a lui aussi résisté même si «les méthodes sont extrêmement dures», à la manière de ce «policier qui a mis sa tête contre la mienne et a crié dans mes oreilles». «J’étais désigné comme coupable, insiste-t-il. Ça nous tombe dessus et on n’est pas maître de rien. C’est inimaginable, on vit dans la troisième dimension.» Le président relativise : «Je crois qu’une garde à vue est forcément un moment de fragilisation psychologique». Jean Castela : «J’ai le sentiment que je n’ai pas eu un traitement particulier. On a tous subi des pressions dès le départ».
Comploteurs. Dominique Coujard pose des jalons en vue des explications à venir des comploteurs qui justifient leurs aveux par les pressions et les menaces : «Face à des pressions telles que des menaces de prison définitive ou quasi, auriez-vous amélioré votre sort ou tiré un avantage de reconnaître l’assassinat d’un préfet ?» Jean Castela rétorque vivement : «Je ne vois pas en quoi ça aurait amélioré ma situation». Le président enfonce le clou : «Malgré tout, vous avez gardé votre cap. Avez-vous des regrets par rapport aux procès-verbaux ?» Jean Castela n’a rien à ajouter ni à ôter sur les PV d’alors : «Je n’ai aucune modification à faire».

14 novembre 2007 .Comment prononcez-vous Colonna?.Le Monde

14 novembre 2007
Comment prononcez-vous Colonna?
Le président de la cour d’assises spéciale de Paris, Dominique Coujard, passe régulièrement ses vacances en Corse. Il a même l’air de bien connaître la région de Cargese. Cet été, alors qu’il préparait le dossier de l’assassinat du préfet Claude Erignac dont est accusé Yvan Colonna, il a préféré s’abstenir.
Mais il aime l’île et cela s’entend. Dès le premier jour, lundi 12 novembre, quelque chose a frappé. Il a évoqué “les faits de Pietrosella”,sans prononcer le “a”, cité le nom d’Alessandri, en appuyant sur le “an” et d’Andriuzzi, en effaçant le “i”. Sur “Colonna”, il alterne, parfois avec, parfois sans le “a”. A croire qu’il prononce comme il doit instruire, à charge et à décharge.
L’accent est, pour l’heure, ce qui sépare le plus nettement les deux côtés du prétoire. Au siège du ministère public, où ont pris place les avocats généraux Yves Jannier et Christophe Teissier, on francise nettement les noms: “Colonnah”, “Cuunconltah nassionné”. A gauche, où quatre des cinq avocats d’Yvan Colonna, sont corses, on entend “Councolt’ nazzzion’ ”. On n’en est pas encore au “préfet de la République” d’un côté et au “représentant de l’Etat français” de l’autre, mais on s’en est un peu approché.
Au président qui lui demandait de commenter cette phrase d’un ancien président de la République, “le nationalisme, c’est la guerre”,Yvan Colonna a répondu: “Moi, je fais la différence entre le nationalisme d’Etat constitué, comme la Serbie, ou même chez vous en France, quand dans la campagne présidentielle, on sort le drapeau tricolore et qu’on chante la Marseillaise. Alors que chez nous, en Corse, c’est un nationalisme de résistance parce que la langue corse, le peuple corse ne sont pas reconnus”.
De politique et d’engagement militant, on a commencé à parler, au cours de cette deuxième journée d’audience. Devant la cour, Yvan Colonna revendiqué ses idées nationalistes - “j’ai le sentiment inébranlable d’appartenir à un peuple, le peuple corse”, a-t-il déclaré. Tout en démentant la “radicalité” de l’engagement qui lui est prêtée par l’accusation, il a affirmé: “J’ai été militant, je ne le suis plus mais je reste un patriote corse”.
Autant Yvan Colonna est apparu combatif lorsqu’il s’exprimait sur ses convictions politiques, autant il a semblé mal à l’aise dès lors que l’interrogatoire approchait sa vie privée. Pudique, l’homme n’apprécie guère les incursions judiciaires dans sa petite enfance et son adolescence. Tout juste a-t-il évoqué la rupture qu’avait représenté, pour lui, le départ de la famille sur le continent, sur décision unilatérale du père professeur de sport qui voulait poursuivre sa carrière à Nice. Yvan Colonna était alors adolescent.
“Pour moi, ça a été un déchirement, a-t-il confié.
- Pourtant, Nice, ce n’est pas très loin…, a observé le président.
- Oui, mais ce n’est pas la Corse”, a répondu l’accusé.
Son bac en poche, le jeune homme s’était inscrit à la faculté pour commencer des études susceptibles de le mener, comme ses parents, à l’enseignement du sport. Mais comme sa soeur aînée, Christine, et son frère cadet, Stéphane, il a finalement tout plaqué pour rejoindre son île et le berceau familial de Cargèse.
Le président voudrait bien s’arrêter un peu sur ce moment de sa vie:
- “Ce désir de retourner en Corse, vous l’avez analysé?
La réponse tombe, abrupte:
- J’avais envie de rentrer chez moi, c’est tout”.
A Cargèse, où il a fait la connaissance d’un vieux berger, il décide avec son ami Pierre Alessandri de se lancer à son tour dans l’élevage de chèvres.
- Mais vous aviez fait des études, vous aviez un potentiel. Sur le continent, on appellera cela un retour baba cool, observe Dominique Coujard.
- Alors, disons que j’ai mis mon potentiel au service des chèvres”, réplique avec ironie Yvan Colonna.
- Et cet élevage, ça vous fait vivre à l’époque?
- Oui, ça va.
Sa prise de distance avec le militantisme nationaliste actif, au sein de la Cumsulta di Comitati naziunalisti (CCN), puis de la Cuncolta, il la date de la naissance de son fils, Ghjuvan Battista, en 1991, à un moment où son activité de berger l’occupe pleinement. Les règlements de comptes sanglants entre fractions nationalistes n’ont elles pas compté, elles aussi, dans cet éloignement, veut savoir le président?
-“Je ne suis pas là pour parler de cette période noire. Les affrontements, évidemment, je les regrette. Mais l’analyse que j’en fait, c’est que dans toutes les guerres de libération, à un moment donné, il y a des affrontements fratricides”.
A Cargèse, où Yvan Colonna est de toutes les manifestations culturelles identitaires, on n’ignore rien de ses idées. Les jeunes du village, qu’il entraîne au foot au sein de l’association sportive, l’admirent. Et les plus vieux apprécient celui qui ne manque jamais une occasion de venir s’entretenir en corse avec eux.
- Vous avez élevé votre fils dans la langue corse? l’interroge le président.
- Je n’ai jamais parlé français avec mon fils. J’essaie, mais ça ne vient pas.
Aujourd’hui âgé de seize ans, Ghjuvan Battista a annoncé cet été à sa famille qu’il avait décidé de ne pas retourner à l’école pour reprendre la bergerie de son père.

Le procès Colonna sous l’oeil de l’Elysée.Le Monde

Le procès Colonna sous l’oeil de l’Elysée
Il y avait déjà eu cette information, publiée dans l’hebdomadaire Le Point avant l’ouverture du procès d’Yvan Colonna, selon lequel l’ancien patron de la Division nationale de l’antiterrorisme (DNAT), Roger Marion, avait été reçu par le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant.
Objet de la rencontre: la déposition à venir, le 26 novembre de Roger Marion, qui avait dirigé l’enquête sur l’assassinat du préfet Claude Erignac et la crainte que celle-ci fasse apparaître trop crûment les dissensions qui l’avaient alors opposé au patron du SRPJ d’Ajaccio, Dimitriu Dragacci.
Lors des deux précédents procès des membres du commando devant la cour d’assises de Paris, Roger Marion avait en effet été sérieusement malmené par les avocats de la défense sur les méthodes de la DNAT et son témoignage fragilisé n’avait sans doute pas compté pour rien dans l’acquittement en appel en février 2006, de ceux qui étaient alors présentés comme les commanditaires de l’assassinat de Claude Erignac, Jean Castela et Vincent Andriuzzi.
Cet entretien avec Roger Marion vaut d’ailleurs à Claude Guéant d’être appelé à s’expliquer devant la cour d’assises le 5 décembre.
Dans sa nouvelle livraison, jeudi 15 novembre, le même hebdomadaire annonce que Georges Lebbos, le policier qui a recueilli les aveux de certains membres du commando, désignant Yvan Colonna comme l’assassin du préfet - aveux rétractés depuis, mais qui constituent la clé de l’accusation - a été proposé au grade supérieur. Le commandant Lebbos est lui aussi attendu devant la cour d’assises, le 4 décembre.
*****
C’est devenu un rituel: chaque matin depuis l’ouverture du procès, Dominique Erignac, la veuve du préfet assassiné, abandonne quelques instants le banc des parties civiles pour venir saluer la rive droite de la salle, où se relaient des personnalités amies. Parmi eux, beaucoup de préfets ou anciens préfets accompagnés de leurs épouses, mais aussi l’ancien ministre et sénateur Michel Charasse, qui a fait une apparition mercredi et l’ex président du Medef, Ernest-Antoine Seillière, camarade de promotion de Claude Erignac à Sciences-Po, qui a assisté à l’audience jeudi après-midi. Les uns et les autres évitent de croiser les regards des occupants de la rive gauche, parmi lesquels la famille et les amis de Cargese d’Yvan Colonna.

16 novembre 2007 .Claude Erignac et "`' histoire d' un piège".Le Monde

16 novembre 2007
Claude Erignac et “l’histoire d’un piège”
Le document est exceptionnel. Sur papier à en-tête de la préfecture des Yvelines, le préfet Claude Erignac, qui vient d’apprendre sa nomination comme préfet de la région Corse, évoque son état d’esprit avant d’accepter cette mission, ses craintes et ses doutes. Vendredi en fin de matinée, cette longue confession a été lue à l’audience par le président de la cour d’assises, Dominique Coujard
Elle est manuscrite, titrée “Histoire d’un piège” et datée de février 1996.
“J’ai donc été pris au piège subtil tendu par quelques-uns, pas très nombreux et que je pense indentifier clairement (…) Le piège est quasi imparable pour un préfet. A la légitime ambition, exprimée clairement, d’être nommé préfet de région, on a su ajouter l’affirmation des éminentes qualités professionnelles et personnelles qui justifient un choix aussi unanime que réfléchi, dixit Debré [Jean-Louis, alors ministre de l’intérieur], du gouvernement.
Mes qualités sont donc si grandes que me voilà l’homme indispensable pour la Corse. Que répondre, sauf à courir le risque bien réel d’une disgrâce, d’une mise hors cadre ou d’une stagnation. Aucun argument légitimement avancé face à cette “mission de grande confiance, témoignage éclatant etc”. Et en plus, c’est sans doute vrai.
Si j’ai plus tard, l’occasion de régler ces comptes, il ne faudra pas oublier de le faire…
Il faut donc y aller et gérer dans la hâte tous les problèmes personnels, si nombreux, que nous pose cette nomination, vis à vis des familles, de nos projets en Lozère [dont Claude Erignac est originaire], de nos moyens qui vont être bien ajustés. Mais ce n’est pas - et de loin - l’essentiel.
Le seul problème sérieux est que j’ai clairement conscience de partir vers une mission impossible, faite de contradictions éclatantes entre le discours public du gouvernement, les négociations plus ou moins secrètes, les intentions réelles des uns et des autres…
Officiellement, ma mission est triple: rétablir l’autorité de l’Etat, contribuer au dialogue républicain, faire avancer les dossiers économiques, sociaux et culturels.
Mais quels sont les moyens? Un préfet ne saurait véritablement actionner les machines judiciaire et policière - pour la police, un peu sans doute, mais ce n’est pas ma tasse de thé - Cela dit, je vais m’y efforcer. Le problème est qu’il faut aussi veiller à ne pas contrarier le processus “politique” en cours avec la trêve acquise pour trois mois, attendue pour six mois supplémentaires.
En un mot, c’est le grand écart…avec les redoutables conséquences que l’on devine.
Pour les dossiers, j’ai l’impression que la volonté politique est bien hésitante. On peut le comprendre à voir les sommes déversées sur la Corse. Comment répondre à beaucoup à Paris de dire que cela suffit…Mais alors comment répondre aux attentes si impatientes de socio-professionnels de tout poil abreuvés, semble-t-il, ces derniers mois en particulier, de bonnes paroles et de semi-promesses.
En définitive, c’est cela qui me soucie le plus car je crains beaucoup cet exercice de faux-semblant.
Voilà bien vite résumées mes préoccupations du moment. Je ne veux pas les exprimer trop publiquement afin de ne pas démoraliser Dominique [son épouse], qui fait admirablement contre mauvaise fortune bon coeur.
Et j’ai toujours préféré “faire envie que pitié” et je tiens à partir de Versailles - ce poste somptueux que je n’ai jamais aimé - en faisant valoir l’évidente marque de confiance du président de la République et du gouvernement.
Nous partons donc.
Je m’accroche à l’idée que cela peut être pour 18 mois seulement, moyenne approximative de mes prédécesseurs. Et je vais m’efforcer de tenir chronique régulière de cette aventure, mission impossible pour la première fois de ma vie professionnelle

18 novembre 2007 Qui a vu quoi à Ajaccio, le 6 de féfrier 1998 , a21h05?.Le Monde

18 novembre 2007
Qui a vu quoi à Ajaccio, le 6 février 1998, à 21H05?
Le procès d’Yvan Colonna entre lundi 19 novembre dans sa deuxième semaine. La cour va reprendre l’instruction de ce 6 février 1998, à 21h05, lorsque cinq tirs - “deux détonations - un blanc - trois autres“, selon les témoins - ont éclaté dans la rue Colonel Colonna d’Ornano, à Ajaccio. Vendredi, après la déposition de l’épouse et deux enfants de Claude Erignac,Yvan Colonna a de nouveau affirmé qu’il n’était pas l’assassin du préfet.
De lundi à mercredi, tous les témoins visuels de cet instant vont défiler devant la cour. Il faisait noir et sombre et aucun d’entre eux n’a pu identifier formellement les agresseurs du préfet. Le témoignage le plus précis est celui de Joseph Colombani, trésorier de l’organisation organisatrice du concert, qui ce soir là, attendait devant la porte de la salle Claude Erignac parti garer sa voiture. Alors qu’il apercevait la silhouette du préfet qui s’approchait, il a entendu une première détonation et distingué deux hommes à proximité de Claude Erignac.
“Il avait alors vu la future victime regarder l’homme qui se trouvait sur sa gauche, puis se tourner et se pencher en avant, en s’arc-boutant tout en continuant à progresser sur sa droite vers l’impasse, puis sur sa gauche vers le trottoir face au restaurant le Kalliste. Il pensait avoir entendu un second coup de feu au moment où la victime accédait au trottoir et il avait alors vu celle-ci tomber au sol et les deux hommes se rapprocher d’elle, l’homme qui jusque là se trouvait à gauche se positionnant au-dessus du corps, droit, les deux mains tendues et le bras droit en direction du haut du corps allongé au sol. Deux ou trois nouvelles détonations avaient alors retenti. Les deux individus avaient alors reculé jusqu’au milieu de la ruelle impasse en regardant le corps et en observant les alentours, l’homme qui avait tiré avait alors fait le geste de jeter quelque chose au sol, puis tous deux en pressant le pas mais sans courir s’étaient dirigés vers le cours Napoléon“, selon le résumé de son témoignage tel qu’il est repris par l’ordonnance de mise en accusation.
D’autres témoins, dont une mère et sa fille qui remontaient au même moment la rue, ont aperçu deux ou trois hommes.
La question du nombre et du positionnement des agresseurs du préfet est bien évidemment centrale et ne devrait pas manquer de relancer le débat amorcé à l’audience sur la corpulence supposée du tireur. Les observations de l’expert légiste, selon lesquelles celui-ci ne peut être que de “haute stature”, ont réjoui la défense d’Yvan Colonna et fait le tour des médias jeudi soir, alors même qu’elles n’avaient donné lieu à aucun débat devant la cour, ni l’avocat général, ni la partie civile n’ayant eu l’à propos de les relever.
Ce n’est que le lendemain, après que leur fût parvenu l’écho amplifié par les télévisions et les radios de ces remarques d’audience - et peut-être aussi après avoir reçu un appel inquiet et impérieux de leur hiérarchie - que les deux avocats généraux ont réagi. A l’ouverture des débats, vendredi matin, l’avocat général Yves Jannier a du coup demandé à la cour de faire circuler l’ensemble des photos de la scène du crime et de l’autopsie de Claude Erignac, alors même que l’absence des experts pour les commenter empêchait tout débat contradictoire digne de ce nom.
Cet épisode est particulièrement révélateur du climat sous haute tension politique de ce procès qui donne l’impression de pouvoir basculer à tout instant. Les propos du médecin légiste - qui est reconvoqué lundi 19 novembre devant la cour - ont aussitôt électrisé l’atmosphère alors qu’ils souffrent de deux limites qu’il aurait suffi à l’accusation de relever: la première est que ce n’est pas de lui, mais de l’expert balistique, que l’on attend des considérations sur les trajectoires des tirs; la seconde est que, parmi les membres du commando identifiés, aucun ne correspond à l’homme de “haute stature” évoqué par le médecin, et certainement pas celui qui s’accuse désormais d’être le seul à avoir tiré sur le préfet, Pierre Alessandri, à peine plus grand que Yvan Colonna.
Le 6 février 1998, Claude Erignac a pourtant été assassiné de trois balles dans la nuque.

21 novembre 2007 " Je regarde Yvan Colonna et je n´ai pas déclic"

21 novembre 2007
“Je regarde Yvan Colonna et je n’ai pas de déclic”
Dans un procès d’assises, il faut souvent faire confiance au désir des témoins de trop bien se souvenir. Peu d’entre eux font preuve d’humilité face à la rigueur de leur mémoire et cela devient un jeu d’enfant pour la partie qu’ils dérangent - défense ou accusation - de les pousser un peu et de les confondre. Rien de cela, mardi 20 novembre avec Joseph Colombani.
Son témoignage, précis pendant l’instruction, a déjà été évoqué ici. Il l’a renouvelé, mardi 20 novembre à la barre de la cour d’assises.
“Si vous voulez, Monsieur le président, je peux mimer la scène”. Dominique Coujard acquiesce.
Dans le prétoire, sous les mots et les gestes de Joseph Colombani, on voit le préfet Claude Erignac avancer d’un pas rapide en direction du théâtre, croiser un homme qu’il dévisage avant de s’en écarter brusquement vers la droite, le corps penché vers le sol, disparaître à la vue du témoin, puis réapparaître, titubant, plié en deux, faisant quelques pas avant de s’écrouler sur le sol.
Selon son témoignage, deux premiers coups de feu auraient retenti avant que le préfet ne s’effondre, ce qui pourrait signifier qu’il n’a été atteint qu’au troisième, deux autres projectiles ayant été tirés alors qu’il se trouvait déjà au sol. “ Lorsque M. Erignac est tombé et que le tireur s’est positionné au-dessus de lui, j’étais à 25 mètres“, indique-t-il.
Pendant près de trois heures, Joseph Colombani va rester à la barre, pressé de questions par les avocats de la défense d’Yvan Colonna, Mes Antoine Sollacaro, Gilles Simeoni, Pascal Garbarini et Philippe Dehapiot, qui se relaient pour l’interroger. C’est que ce témoin leur est précieux. D’abord parce que contrairement à d’autres, il n’a aperçu que deux hommes ce soir là, alors que selon l’accusation, qui s’appuie sur les aveux - avant rétractation - des membres du commando, ils étaient trois dans la rue: Alain Ferrandi, Pierre Alessandri et Yvan Colonna.
Ensuite parce que cet homme, dans son propos liminaire avait rappelé son “grand attachement” au préfet qu’il connaissait personnellement. “J’ai moi aussi une soif de vérité. Cette affaire, qui m’a bouleversé, je ne commencerai à l’assimiler que si, un jour, la vérité éclate complètement”, avait-il ajouté en se tournant vers l’épouse et les deux enfants de Claude Erignac.
Mais il n’entend pas, pour autant, faire dire à sa mémoire plus qu’elle ne peut.
“Je ne peux pas mettre un nom sur les deux personnes que j’ai vues ce soir là. J’ai vu Yvan Colonna pour la première fois, le soir où il a parlé sur TF1 [quelques heures avant de prendre le maquis], Je l’ai bien regardé. Il n’y a pas eu le “tilt” que vous avez quand vous vous dîtes que vous avez déjà aperçu cette personne. Après, j’ai vu des photos dans la presse et ça ne m’a toujours rien dit, sauf peut-être quelques-unes. Aujourd’hui, je le regarde encore et je n’éprouve pas de déclic. Je ne peux pas être affirmatif, ni dans un sens, ni dans l’autre, je le regrette…”
D’autres témoins importants sont attendus à la barre mercredi. Et dans l’après-midi, la cour abordera une nouvelle phase controversée de l’instruction, celle de l’enquête policière. L’ancien patron du SRPJ d’Ajaccio, Demetrius Dragacci, qui fut écarté par Roger Marion, ouvre les débats. On pressent quelques vifs réglements de comptes policiers

De l' usage des témoins,au procès Colonna.Le Monde

De l’usage des témoins, au procès Colonna
Sur les épaules de Noélie et Marie-Ange Coutard pèse une responsabilité écrasante. Le soir du 6 février 1998, vers 21 heures, la mère et la fille remontaient en voiture la rue Colonel Colonna d’Ornano. Elles ont alors assisté, sans le savoir, à l’assassinat du préfet. Marie-Ange est la seule à avoir pu dévisager le tireur. Quelques secondes qui ont fait basculer sa vie. Pendant plusieurs années, elle a vécu au rythme des convocations et des interrogatoires en rafales chez les policiers et chez les juges antiterroristes. Elle a répondu à des centaines de questions. On lui a soumis des dizaines de photos. Et la revoilà, une fois de plus, avec sa mère, devant une cour d’assises.
Noélie Coutard est la première à déposer. “J’ai entendu des coups de feu. Je croyais que c’était une personne qui s’amusait avec des pétards. J’ai vu deux personnes. Il y avait aussi une dame avec un caniche au pelage beige”.
- Vous avez vu le tireur de profil?, lui demande l’avocat général.
- Non, de dos.
Noélie Coutard regarde Yvan Colonna, dans le box. “Pour moi, c’est clair, c’est net, c’est pas lui. Le premier était beaucoup plus grand, le deuxième, il était bien plus petit”.
Le président Dominique Coujard lit les procès-verbaux de ses premières dépositions, dans les jours qui ont suivi les faits. Elle avait décrit le premier, “pas plus de 1,70m, visage émacié, brun. 20-25 ans”. Et le deuxième, ”un blond, même taille”. Elle avait aussi décrit le caniche: “je suis formelle, il était bien de couleur noire”.
Toujours sur procès-verbal, elle avait observé, à propos du blond: “Ses cheveux ressemblaient à une perruque, car il était trop bien coiffé”.
L’avocat de la partie civile, Me Philippe Lemaire, prend son tour de questions. Agacé, d’abord.
- Madame, pensez-vous reconnaître formellement quelqu’un malgré la perruque?
- Euh, c’est vrai, que la perruque…
Dans le micro, la voix du témoin faiblit. Elle commence à lâcher prise, doucement. La voix de l’avocat s’arrondit, se creuse comme pour mieux la cueillir.
- Je comprends, madame, vous avez vécu une expérience très traumatisante…
- Oh oui ! soupire-t-elle.
- Donc, c’est difficile d’être formelle…
- Mmoui.
Me Lemaire se rassoit. En face, Me Gilles Simeoni se lève. C’est à lui que revient désormais le rôle de “remonter” le témoin vacillant que vient de lui livrer la partie adverse. Il lui sourit - “Bonjour madame Coutard”, et lui parle avec chaleur et empathie. Doucement, comme s’il s’adressait à une convalescente, il pioche dans les procès-verbaux les mots qui l’intéressent - un “grand”, un “blond” - et lui demande:
- “Vous confirmez ces propos, Madame Coutard?
- Tout à fait.
- Et vous nous avez dit à l’instant, corrigez-moi si je me trompe, que vous ne reconnaissiez pas Yvan Colonna?
- Oui, je suis formelle.
- Je vous remercie, Madame.
Me Pascal Garbarini prend le relais. Devant Noélie Coutard, il cite les propos tenus la veille par un autre témoin, Joseph Colombani, qui avait déclaré à la barre: “Quand j’ai vu Yvan Colonna, ça n’a pas fait tilt”.
- Est-ce que vous pourriez dire la même chose que ce témoin?
- Oui, exactement”.
Sa fille, Marie-Ange, lui succède à la barre. Profession: “croupière au casino”. [Dans le carnet, j’écris “caissière à Casino”, un confrère, vigilant, qui aperçoit mes notes, me corrige. La fragilité des témoignages est chose bien partagée].
“Nous sommes arrivées au niveau d’un restaurant. J’ai vu quelqu’un tirer par terre. J’ai dit à ma mère: “tiens, c’est bizarre”. Parce que, en Corse, la coutume, c’est qu’on tire en l’air, quoi.
- En tout, vous voyez combien de personnes? demande le président Dominique Coujard.
- Deux. Une en bas de la rue et la personne qui tire par terre. Le premier était brun, plutôt grand. Le 2ème était blond, de taille moyenne.
- Que vous reste-t-il de la première personne?
- Son regard, ses gestes, parce qu’il manipulait son arme et que, en même temps, il me regardait.
- Cette scène vous a-t-elle inquiétée?
- Non, pas du tout. En arrivant un peu plus tard chez ma tante, je la lui ai racontée en disant: “Il y a vraiment des débiles qui tirent par terre!”. C’est ensuite, en voyant un flash spécial à la télévision qu’on a appris”.
Me Simeoni intervient:
- A quelle distance du tireur étiez-vous?
- Il y avait juste une voiture entre nous.
- Donc, vous étiez à moins de 2 mètres. Vous avez conscience, mademoiselle, que vous êtes un témoin capital. Vous avez vu celui qui a assassiné le préfet Claude Erignac.
- Oui.
- Vous voyez M. Colonna. Pouvez-vous nous dire s’il correspond à la personne que vous avez vue ce soir là?
- Non, je suis formelle.
Soudain, la belle jeune femme au ton ferme, craque. “Je…je ne m’étais pas préparée à tout cela. Ce n’était pas possible. Je ne suis que témoin. A plusieurs reprises, j’ai voulu tout arrêter. Je l’ai dit à Madame Levert [l’une des trois magistrats anti terroristes qui a mené l’instruction]. Je n’en pouvais plus. J’ai eu l’impression d’être épiée, surveillée. A partir du moment où on m’a montré la photo d’Yvan Colonna et que j’ai dit que ce n’était pas lui, j’ai eu l’impression qu’on ne me croyait plus, que j’avais dit quelque chose qui n’arrangeait pas…”.
Elle se reprend. Evoque ce “tapissage” auquel elle avait été conviée en 2001. Parmi les hommes identifiés par des numéros qui défilaient devant elle, à l’abri d’une glace sans tain, figuraient Yvan Colonna, Pierre Alessandri, Alain Ferrandi. On lui avait demandé si, parmi eux, elle reconnaissait le tireur. Elle avait répondu non.
- “J’étais tellement traumatisée que je suis sûre que s’il y avait eu ma mère derrière cette vitre, je ne l’aurais pas reconnue”, dit-elle.
De part et d’autre du prétoire, on referme la chemise Coutard mère et fille. Les avocats de la défense retiennent que le témoin principal de l’assassinat du préfet n’a jamais reconnu Yvan Colonna. La partie civile relève qu’elle “n’aurait pas reconnu sa mère“.
Dedans, le procès continue. Dehors, deux femmes traquées dévalent les escaliers du palais de justice

En atendant a Roger Marion.Le Monde

24 novembre 2007
En attendant Roger Marion
Les Petit Poucet chargés de semer des cailloux en défense d’Yvan Colonna ont parfois la main lourde. Reprenons. Pendant deux jours, la cour d’assises a suivi les chemins de traverse empruntés par l’enquête sur l’assassinat du préfet Claude Erignac, à l’initiative du patron de la Division nationale de l’antiterrorisme de l’époque Roger Marion.
Contrairement à son collègue du SRPJ d’Ajaccio, Demetriu Dragacci qui, dès le 12 février, avait estimé que les auteurs de l’assassinat étaient à rechercher du côté de “la radicalisation de l’action violente menée par un groupe dissident de l’ex FLNC”, Roger Marion avait suivi avec acharnement la piste d’un règlement de comptes commandités par des syndicalistes agricoles nationalistes furieux des arbitrages du préfet.
La chronologie de l’instruction, retenue par le président de la cour d’assises Dominique Coujard, imposait donc ce long détour à l’audience. Pour les avocats de la défense d’Yvan Colonna, l’occasion était précieuse de dénoncer les méthodes et les errements de la DNAT avant la déposition attendue de son ancien patron, lundi 26 novembre, et la caution que leur avaient apportée les trois magistrats antiterroristes, qui seront entendus en milieu de semaine prochaine.
Ils sont en effet nombreux, ces hommes et ces femmes, syndicalistes agricoles, militants nationalistes poursuivis et parfois condamnés dans d’autres procédures, à avoir fait les frais de cette fausse piste agricole, baptisée “procédure 1337″ du nom de l’information judiciaire “poubelle”- l’appellation est de Demetriu Dragacci - ouverte parallèlement à celle sur l’assassinat du préfet Claude Erignac.
Stella Castela est l’une d’entre eux. Son mari Jean Castela avait été présenté comme l’un des commanditaires de l’assassinat, avec Vincent Andriuzzi. Condamnés lors du premier procès de l’afaire Erignac, ils ont tous deux été acquittés en appel. Elle-même a été placée en garde à vue et détenue pendant plusieurs mois.
- “Je l’ai ressentie comme une prise d’otage. On m’a dit: ” si votre mari ne parle pas, vous allez en prison”. Il y a un tel stress qu’on n’a qu’une idée, c’est que la garde à vue s’arrête. Les conditions étaient humiliantes. J’ai raconté des tas d’inexactitudes et parfois j’ai dit n’importe quoi, car les réponses étaient données par les questions. La prison, après ça, c’est presque une libération“, a-t-elle expliqué.
Son souci de convaincre et surtout de discréditer par avance les aveux des compagnes et de certains membres du commando qui constituent la principale charge contre Yvan Colonna, l’amène à répéter plusieurs fois les mêmes formules sur la “prise en otage des femmes” et les “inexactitudes“ contenues dans ses dépositions en répondant aux avocats de la défense qui l’interrogent, sans même écouter leurs questions jusqu’au bout tant elle connaît la partition.
D’une voix affable, le président intervient.
- “Vos déclarations me conduisent à relire vos procès-verbaux, lui dit-il.
Il lit. Le récit tel qu’il apparaît sur papier est fluide, plutôt bavard.
- Des commentaires ou des rectifications à faire sur ce premier procès-verbal?, lui demande Dominique Coujard.
Elle apporte quelques nuances, à la marge.
- C’est tout?
- Oui.
Deuxième, troisième, quatrième procès-verbal, le président reprend sa lecture. Même impression de fluidité. Mêmes questions.
- Pas d’observation sur ces procès-verbaux?
- Non”, répond-elle.
Son mari Jean Castela lui succède à la barre. Lui aussi raconte les conditions éprouvantes de son interpellation et de sa garde à vue.
- “Ma femme avait été arrêtée. C’était un élément de pression encore plus fort. On en vient à confirmer ce que l’on veut nous faire dire. On ne peut rien maîtriser, explique-t-il.
- Avez-vous été amené à reconnaître des choses que vous n’avez pas commises ou que vous ne vouliez pas dire?, l’interroge le président.
- Moi, non. Mais le sort de ma femme me posait problème.
- Est-ce que vous avez gardé votre cap malgré tout pendant cet interrogatoire?
- Je n’ai aucune modification à apporter à ce que j’ai dit.
- Est-ce que, à cause des conditions de la garde à vue, vous auriez pu être amené à reconnaître l’assassinat du préfet?, insiste le président.
- Non. Je ne vois pas en quoi le fait de reconnaître des faits que je n’avais pas commis aurait pu améliorer mon sort“, répond l’universitaire.
Il arrive que les Petit Poucet se prennent les pieds dans leurs cailloux.

Au procès d'Yvan Colonna, récits morcelés d'une nuit sombre

Au procès d'Yvan Colonna, récits morcelés d'une nuit sombre
LE MONDE 22.11.07 15h06 • l faisait froid, la nuit était tombée et la rue était sombre, ce 6 février 1998 à Ajaccio. Dans la rue Colonel-Colonna-d'Ornano, le préfet Claude Erignac se pressait pour rejoindre son épouse au concert. Sur le seuil du théâtre, l'un des organisateurs de la soirée guettait son arrivée pour l'accueillir. Au même instant, une femme et sa fille remontaient la rue en voiture pour se rendre chez une parente. Au restaurant d'en face, un couple s'était attablé près d'une fenêtre pour dîner. Non loin du théâtre, un jeune homme garait son scooter. Une dame rejoignait le lieu du concert. Un ancien commissaire des RG quittait à pied une réception amicale. Quelques paires d'yeux pour un assassinat.

Devant la cour d'assises de Paris, du lundi 19 au mercredi 21 novembre, cette poignée de témoins est venue livrer ses souvenirs. Ils ont entendu plusieurs détonations, cinq le plus souvent, aperçu des hommes, deux, plus rarement trois. Grand ou de taille moyenne, brun ou blond, massif ou mince, jeune ou moins jeune. Chacun tient un bout de la scène du meurtre, mais la mémoire convoquée dans le prétoire n'est pas toujours la même que celle sollicitée dans l'instant. Une seule chose les rassemble : aucun d'entre eux n'a reconnu Yvan Colonna.
"JE PEUX MIMER LA SCÈNE"
De tous les témoins, Joseph Colombani est le seul à avoir assisté en direct à la mort du préfet. Claude Erignac était son ami, il l'attendait. "Si vous voulez, je peux mimer la scène", a-t-il dit. Dans le prétoire, il fait quelques pas, son corps vacille vers la droite, revient courbé en deux, titube, avance encore et fait mine de s'écrouler sur le sol. Joseph Colombani a vu deux hommes près du préfet, dont le tireur. Il était à 25 mètres. "Je ne peux pas mettre un nom sur les deux personnes que j'ai vues ce soir-là. J'ai vu Yvan Colonna pour la première fois le soir où il a parlé sur TF1 (juste avant sa cavale). Je l'ai bien regardé. Il n'y a pas eu le "tilt" que vous avez quand vous vous dites que vous avez déjà vu cette personne. Aujourd'hui, je le regarde et je n'éprouve pas ce déclic. Je le regrette."
Marie-Ange Coutard est un autre témoin clé. Elle aussi n'a aperçu que deux hommes, un brun et un blond. Cela fait neuf ans que l'on répète à cette belle jeune femme qui remontait la rue en voiture au côté de sa mère Noélie, qu'elle est la seule à avoir dévisagé le tireur. "Quand on est arrivées à sa hauteur, je l'ai vu tirer par terre. J'ai dit à ma mère : "Tiens, c'est bizarre", parce qu'en Corse, la coutume, c'est de tirer en l'air", explique-t-elle. De ces quelques secondes, il lui reste en mémoire "un regard et des gestes parce qu'il manipulait son arme et en même temps, il me regardait". Comme sa mère, elle est "formelle" : Yvan Colonna ne ressemble pas à l'homme qu'elle a vu ce soir-là. "A partir du moment où on m'a montré sa photo et que j'ai dit que ce n'était pas lui, j'ai eu l'impression qu'on ne me croyait plus, que j'avais dit quelque chose qui gênait", ajoute-t-elle.
Joseph Arrighi, ancien commissaire des RG, se souvient d'avoir entendu des tirs puis d'avoir été dépassé dans la rue par deux hommes qui avaient été rejoints par un troisième avant de disparaître. "Etes-vous en mesure de décrire ces trois hommes ? - Non, je les ai vus de dos." Sur les bancs de la défense, jour après jour, on accumule.
Pascale Robert-Diard

Roger Marion, un flic à la barre

Roger Marion, un flic à la barre
LE MONDE 23.11.07 es mots, Roger Marion aime les choisir, les accommoder, les manipuler. L'ancien patron de la division nationale antiterrorisme (DNAT) pense à ceux qu'il va prononcer devant la cour d'assises spéciale de Paris, lundi 26 novembre. Ce jour-là, son tour viendra de témoigner dans le procès d'Yvan Colonna, accusé d'avoir tué le préfet Claude Erignac, à Ajaccio, le 6 février 1998. Il a lu, relu, souligné de bleu les deux rapports qu'il a rédigés en 1998 et 1999 sur l'affaire, en pestant : "Cette phrase, je n'aurais pas dû l'écrire comme ça..." Il se rattrape aujourd'hui avec des mots qui claquent : "Colonna, je pense pouvoir le faire condamner. Les Corses, c'est les spécialistes des faux alibis."
ifParcours
1947Naissances à Castres (Tarn).
1978Commissaire principal à Toulouse.
1990Chef de la division antiterroriste à la police judiciaire.
1999Directeur central adjoint de la police judiciaire.
2002Préfet, il quitte la police.
2007Témoin au procès d'Yvan Colonna. Publie son autobiographie.
Des mots moins triés que ceux qu'il a couchés dans un livre écrit avec le journaliste Francis Zamponi, On m'appelle Eagle Four (Seuil, 186 p., 16 €, à paraître fin novembre) - en référence au surnom que lui avaient donné ses hommes, "Y gueule fort". Un plaidoyer pro domo dans lequel il se justifie de ne pas avoir arrêté le berger de Cargèse en même temps que les membres du commando Erignac.
Ceux qui ont travaillé avec lui à la DNAT se souviennent. Des heures à retaper les procès-verbaux parce qu'une majuscule (ou une minuscule) manquait. De l'affection maniaque de Roger Marion pour des mots comme "tapuscrit". Et de sa férocité. L'un de ses subordonnés qui avait demandé de retourner dans sa région de Nice s'est vu gratifié d'un avis administratif d'un nouveau genre : "Mutation pour cause héliotrope." Comme une plante qui se tournerait vers le soleil. Roger Marion, 60 ans, c'est d'abord un style, apprécié ou haï.
"Oui, je suis tatillon, oui à l'excès", admet-il. La faute à sa passion pour la PJ (police judiciaire) et la procédure pénale. "Des résultats, clame l'ancien commissaire avec son accent du Sud-Ouest, ça se fait en mettant son nom sur un PV, à visage découvert." C'est ce qui lui a plu dans ce métier, et aussi "la recherche intellectuelle, l'identification des auteurs de crime..."
Fils d'un cheminot et d'une vendeuse de porcelaine, il rate le bac, s'engage dans une prépa militaire chez les paras, s'envole avec son régiment en Centrafrique au pays de Bokassa, et, alors que la Sorbonne s'embrase, "a l'honneur de servir le méchoui au futur empereur le jour de la fête nationale". Il repasse le bac avec succès, se présente au concours d'officier de police adjoint, en sort deuxième, est affecté au SRPJ de Bordeaux. Opiniâtre, il poursuit. Et sort vice-major de l'Ecole des commissaires en 1976, avant de rejoindre Toulouse.
De ce moment, ce grand séducteur ne cessera de gravir les échelons jusqu'à devenir patron de l'antiterrorisme, directeur central adjoint de la police judiciaire, puis préfet. Nulle part il ne passe inaperçu, ses méthodes non plus. Avec lui, les baffes en garde à vue n'ont rien d'exceptionnel. Et même davantage. Il a prévu qu'on lui poserait la question. "A Toulouse, un noyau d'extrême gauche faisait toujours sauter quelque chose. Un jour, c'était une salle de Colomiers où Le Pen était attendu..." On l'interrompt. Il coupe : "Attends !" Poursuit : "On a trouvé les responsables, des anars qui ne voulaient pas répondre ni même se laisser signaliser (prise d'empreintes et de photos). Donc, on a eu recours à la force. De là vient ma réputation."
Mais d'autres témoignages sont venus. Arrêtée en novembre 1998, Stella Castela garde un souvenir précis de sa garde à vue. "Au troisième jour, raconte l'ex-compagne du nationaliste Jean Castela, également citée au procès Colonna, Marion est entré dans la pièce. Une vraie caricature : costume trois pièces et pouces passés dans le gilet. J'étais sur une chaise, menottée les mains dans le dos. Il s'est plaqué derrière moi et m'a passé les mains dans les cheveux d'une façon visqueuse..." Après la parution du livre Place Beauvau, (Robert Laffont, 2006) dans lequel trois journalistes dénonçaient ses brutalités, une enquête de l'inspection générale de la police nationale admettra les coups, mais blanchira la DNAT des accusations de torture.
On le dit parano. Il rétorque : "Dans ce métier, on est entre spécialistes, on vit dans un monde clos." Puis il admet : "Moi, j'y suis resté peut-être un peu trop longtemps." Quarante-trois de ses hommes demanderont leur mutation. "El garote !, s'exclame Roger Marion. Le but était de m'asphyxier ! Dans les dix nouveaux hommes que m'avait promis Claude Guéant (alors directeur général de la police), on ne m'avait envoyé que des brèles. Et les RG ont toujours récupéré ceux que j'avais saqués. C'étaient des indics." Plus que d'autres, Roger Marion incarne la guerre des polices, parvenue à son paroxysme avec l'affaire Colonna, où il ira jusqu'à accuser Dimitrius Dragacci, ancien patron du SRPJ d'Ajaccio, d'avoir permis la fuite d'Yvan Colonna en prévenant son père. Encore un procès en vue, pour diffamation, cette fois.
Son entregent, mais aussi son énorme capacité de travail le font apprécier des politiques. Remarqué au début de sa carrière pour avoir géré avec doigté l'assassinat de l'amant de l'épouse du président gabonais Omar Bongo, il obtient des résultats. Dans les attentats de 1995, il exigera l'expertise de la bouteille de gaz retrouvée sur une ligne de TGV et les empreintes mèneront à Khaled Kelkal. Il sortira la 6e division chargée de la lutte antiterroriste, devenue plus tard la DNAT, de sa torpeur. Il pèsera sur les magistrats antiterroristes. Homme des réseaux Pasqua, il sait s'adapter. L'ancien ministre de l'intérieur Jean-Pierre Chevènement le fit chevalier de la Légion d'honneur. "J'ai toujours considéré Marion comme un bon chien de chasse, dit-il. C'est lui qui a fait craquer deux des prévenus qui ont désigné Colonna comme le tueur. Il craignait beaucoup la porosité des services de police en Corse et il n'avait pas tort."
Nicolas Sarkozy mettra pourtant fin à sa carrière de policier en le nommant préfet à Marseille, à Lille, puis sans affectation du tout. Mais Marion connaît bien Claude Guéant qui, affirme-t-il, lui aurait proposé en 2002 de "rentrer dans le cabinet" du ministre de l'intérieur. Leur récente rencontre, révélée par Le Point, a valu à l'actuel secrétaire général de l'Elysée d'être soupçonné de subornation de témoin et d'être cité, lui aussi, dans le procès Colonna. Guéant aurait conseillé à Marion de bien préparer son audition. De fait, chaque fois que l'ancien patron de la DNAT a dû témoigner dans un procès, sa prestation a tourné à la catastrophe. C'est curieux, il paraît alors chercher ses mots.
Isabelle Mandraud

Procès d'Yvan Colonna : la défense discrédite l'enquête (Aujourd'hui 08h18)

Procès d'Yvan Colonna : la défense discrédite l'enquête (Aujourd'hui 08h18)
(Francescu Maria Antona - Alta Frequenza) - Procès Colonna : ce sont Vincent Andriuzzi et Jean Castela qui ont clos hier (vendredi) cette deuxième semaine de procès devant la cour d’assises spéciale de Paris. Les deux hommes ont été condamnés à 30 ans de prison pour avoir, selon l’accusation, commandité l’assassinat du préfet, avant d’être acquitté en appel. Il s’agissait donc pour la défense, de mettre en doute les conditions de garde-à-vue et la manière dont les deux hommes ont été impliqués dans le dossier. La défense prépare ainsi le terrain pour les témoignages, en fin de semaine prochaine, des membres du commando qui, rappelons-le, avaient désigné Yvan Colonna comme le tireur avant de se rétracter. Jean Castela et son épouse Stella ont donc décrit à la barre les conditions de leur garde-à-vue. «D'emblée, j'étais considéré comme un coupable», se souvient Jean Castela. Le témoignage de Vincent Andriuzzi ne diffère pas sur les pressions subies «Les enquêteurs avaient un scénario dans la tête dans lequel je devais figurer», a-t-il déclaré à la barre. Stella Castela quant-à-elle parle «des conditions dégradantes et humiliantes» de saleté durant sa garde-à-vue et raconte ses six mois de détention à Fleury-Mérogis. Pour elle, son incarcération visait seulement à pousser son mari à parler, quitte à dire n’importe quoi. Elle qualifiera cet emprisonnement de «prise d'otage». Le président Coujard lui répondra d’ailleurs «Vous décrivez un régime que nous connaissons, avec des conditions anormalement humiliantes». Le procès reprend lundi avec notamment la déposition très attendue de Roger Marion l’ex-Patron de la DNAT.

dijous, 22 de novembre del 2007

Marie-Ange Contard dénonce l'attitude des enquêteurs dans l'affaire Colonna

Marie-Ange Contard dénonce l'attitude des enquêteurs dans l'affaire Colonna (Aujourd'hui 07h45)
(Francescu Maria Antona - Alta Frequenza) - Marie-Ange Contard, témoin clef du procès d'Yvan Colonna qui se tient à Paris, a clairement laissé entendre hier (mercredi) que les enquêteurs avaient privilégié à tout prix la piste de la culpabilité d'Yvan Colonna. Ces derniers auraient cessé d'accorder la moindre crédibilité à sa déposition dès lors qu'elle n'a pas reconnu l'accusé. Marie-Ange Contart a 23 ans lorsqu'elle remonte la rue du théâtre le Kallisté à Ajaccio. Cette dernière est alors alertée par ce qui lui semble être tout d'abord des tirs de pétards. C'est alors qu'elle voit deux hommes, l'un brun en bas de la rue et l'autre blond, à moitié caché derrière une voiture en stationnement. Ce dernier tire vers le sol et manipule son arme avec laquelle il paraît avoir des problèmes. Selon le témoin, les enquêteurs auraient maintes fois sollicité son témoignage, jusqu'au jour où on lui montre la photo d'Yvan Colonna, tueur présumé, qu'elle ne reconnaît pas. "Le jour où j'ai dit : ce n'est pas lui, j'ai eu l'impression qu'on ne me croyait plus... J'ai eu l'impression de dire tout à coup quelque chose qui n'arrange pas... de faire la plus grosse bêtise de ma vie" raconte-t-elle à la barre. Marie-Ange Contart explique ensuite avoir été constamment épiée et constate que l'on s'est introduit, en son absence, dans son domicile au moins deux fois. Le témoin a également confirmé ne pas avoir reconnu Yvan Colonna lorsque la police lui a présenté dix hommes alignés derrière une glace sans teint, en avril 2005. Selon Marie-Ange Contart, l'assassin avait des cheveux mi-longs blonds cendrés, et non bruns comme Yvan Colonna. La jeune femme a également assuré que l'homme avait aussi une barbe blonde de quatre, cinq jours. Incontestablement, et c'est le cas d'ailleurs depuis le début de ce procès, la défense d'Yvan Colonna a encore marqué des points très importants hier. Cet après-midi, c'est Démétrius Dragacci qui a été auditionné par la cour d'assise. Le témoignage du policier a été longement entendu par la cour.

Le comité de soutien à Yvan Colonna écrit au journal Le Monde

Le comité de soutien à Yvan Colonna écrit au journal Le Monde
Le 15 novembre 2006 : Nous publions ci-dessous la lettre adressée par le comité de soutien au journal "Le Monde", ce 12 novembre 2006.

Monsieur le Rédacteur en chef, J´ai l´honneur de m´adresser à vous en ma qualité de porte-parole du comité de soutien « Yvan Colonna – Le droit à l´équité ». Ce comité de soutien est une association loi de 1901 dont l´objet est « toute action, mobilisation, médiatisation, sensibilisation de l´opinion publique en France ou à l´étranger, en faveur « de la présomption d´innocence », « du droit à l´équité » et « du retour à la normalité judiciaire pour Yvan COLONNA » ». Il est notamment à l´initiative d´un appel dont vous trouverez le texte ci-joint, lequel a déjà recueilli plus de 14.OOO signatures, parmi lesquelles celles de nombreux représentants de la Ligue des Droits de l´Homme. Nous nous efforçons également de veiller à ce qu´Yvan COLONNA, qui s´est toujours affirmé innocent des faits pour lesquels il est mis en examen, bénéficie enfin d´un traitement équitable, tant par l´institution judiciaire, que dans le cadre de la présentation médiatique et journalistique de son dossier. Vous n´êtes en effet pas sans savoir que, entre autres atteintes et violations du droit à un procès équitable, Yvan COLONNA a fait l´objet, pendant plusieurs années, d´une violation systématique de sa présomption d´innocence, ceci par des organes du pouvoir législatif, exécutif, de l´autorité judiciaire, de l´institution policière, enfin et également de la part de certains organes de presse. Cette situation d´une gravité et d´une ampleur inédites ont notamment enraciné dans l´opinion publique une sorte de pré-jugement de culpabilité, en violation de la présomption d´innocence mais également au mépris de l´évolution judiciaire du dossier, d´après les informations étant parvenues dans le domaine public. Ces circonstances privent de facto Yvan COLONNA de son droit à un procès équitable, dans un dossier où pèse déjà de tout son poids la raison d´Etat. Notre vigilance est donc légitime. Elle s´exprime bien évidemment, concernant la presse, dans le respect intangible de liberté de la presse, et de l´indépendance des opinions. Concernant le journal « Le Monde », nous reconnaissons bien volontiers que celui-ci a, depuis l´arrestation d´Yvan COLONNA, traité de façon objective ce dossier, mais nous permettons, pour les raisons que nous avons exposées, d´attirer votre attention sur les points suivants, suite à votre article paru dans l´édition du 31 octobre dernier : - Yvan COLONNA est à nouveau présenté comme l´ « assassin présumé » du Préfet ERIGNAC. Cette formulation nous semble totalement contradictoire avec la notion de présomption d´innocence, et nous n´avons pour notre part eu de cesse de le répéter. La seule présomption qu´autorise la loi en la matière est en effet celle de l´innocence. Il nous semble que la qualification « mis en examen » ou « accusé de » est plus conforme aux exigences tant juridiques que d´équité. - Concernant la présentation de l´arrêt de la Cour de Cassation et les motivations du renvoi, celle-ci aurait gagné en impartialité et en objectivité en précisant, au moins dans le dernier §, que les accusateurs de M.COLONNA étaient tous revenus sur les mises en causes initiales et ce de façon circonstanciée (rappelons également que dans un précédent scandale judiciaire, les rétractations d´une accusatrice ont suffi à innocenter 13 personnes !). - Enfin, nous vous rappelons que le 5 septembre dernier s´est tenue une conférence de presse de notre Comité, en présence d´un journaliste de l´AFP, du Comité de Corse de la Ligue des Droits de l´Homme et de plusieurs observateurs internationaux dont la présidente de la Ligue Suisse, qui ont stigmatisé nombre d´anomalies ou errements de la procédure diligentée contre Yvan COLONNA, et notamment les violations avérées de son droit à un procès équitable. Nous avons regretté que cette importante manifestation n´ait pas été traitée par votre titre et restons bien évidemment à votre disposition pour toute information complémentaire. Vous remerciant par avance pour l´attention qui sera portée à la présente, je vous prie de croire, Monsieur le Rédacteur en chef, à l´expression de mes sentiments les meilleurs.
La porte-parole du Comité : Christine COLONNA

YVAN COLONNA : La cour de cassation rejette le pourvoiAttaque de Pietrosella: la Cour de cassation rejette le pourvoi de Yvan Colonna

YVAN COLONNA : La cour de cassation rejette le pourvoi
Attaque de Pietrosella: la Cour de cassation rejette le pourvoi de Yvan Colonna La Cour de cassation a rejeté le pourvoi qu'avait formé Yvan Colonna contre son renvoi devant les assises de Paris pour l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella (Corse-du-Sud) en 1997, au cours de laquelle l'arme ayant servi à tuer le préfet Erignac avait été dérobée.
Le 23 septembre 2005, le juge Gilbert Thiel a ordonné le renvoi de M. Colonna devant la cour d'assises de Paris. Cette décision a fait l'objet d'un appel mais a été confirmée par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris, le 20 janvier 2006.
Yvan Colonna avait été mis en examen pour ces faits le 5 juillet 2003, au lendemain de son arrestation dans le maquis corse après quatre ans de cavale. Il est poursuivi pour "destruction de bien par substance explosive, enlèvement et séquestration en bande organisée, vol et violences sur agent de la force publique, le tout en relation avec une entreprise terroriste", des qualifications passibles de réclusion criminelle à perpétuité.
Yvan Colonna est la seule personne poursuivie dans le dossier de l'attaque de la gendarmerie, les autres participants ayant déjà été condamnés pour ces faits par la cour d'assises de Paris en juillet 2003, en même temps que pour leur participation à l'assassinat du préfet Erignac.
Parallèlement, il est poursuivi par la juge antiterroriste Laurence Le Vert pour l'assassinat du préfet Erignac. La magistrate a notifié la fin de son instruction en septembre et le parquet de Paris a requis un renvoi devant les assises en février.
Gilles Simeoni déclare notamment : "Cet arrêt résume les charges prétendument retenues contre Yvan Colonna et qui justifie selon les juges son renvois devant la cour d'assise. Or ces charges telles que présentées dans l'arrêt de renvoi sont identiques entre Colonna d'un cotés et Castela et Andriuzzi de l'autre. Or depuis que l'arrêt de renvoi est intervenu, Castela et Andriuzzi ont été acquittés. Autant dire que nous sommes dans une situation complètement ubuesque puisque Yvan Colonna est renvoyés devant une cour d'assise sur le fondement de charges dont une autre cours d'assise a déjà décidé qu'elles n'existaient pas."

YVAN COLONNA A ECRIT AU RIBOMBU

YVAN COLONNA A ECRIT AU RIBOMBU
Cela fait quasiment 18 mois que j'ai quitté mon domicile. Depuis je suis sans nouvelles des miens comme eux le sont de moi. Si je m'exprime aujourd'hui, c'est pour répondre aux accusations portées à mon encontre.
Pour commencer, concernant la violence politique en Corse, je réaffirme la position que j'ai toujours eue. Pour moi, il s'agit d'actes de résistance face à une politique de négation de notre peuple et de ses droits. Cette position, je la défendrai tant que la question politique ne sera pas résolue. Seulement, cela ne donne à personne le droit de me juger comme cela a été fait jusqu'à aujourd'hui.
Je nie avec force les faits qui me sont reprochés dans l'affaire dite de "petrusella" et l'affaire "Erignac". Je n'y ai pas participé! D'après ce que k'ai pu savoir, deux militants nationalistes incarcérés m'ont mis en cause. Depuis plus d'un an une question me taraude : Pourquoi? Il y a sûrement une raison importante à cela. Seulement, ce n'est pas à moi de le dire.
D'autre part, je tiens à préciser que je n'ai bénéficié d'aucune complicité au cours de ma fuite. Mon travail qui nécessitait ma présence en montagne m'a alors permis d'échapper au pire. Lorsque je m'apprêtais à regagner mon domicile, j'ai appris que j'étais recherché... mais aussi condamné ! J'ai alors décidé de prendre du recul et j'ai bien fait. Mon père et ses amis socialistes n'y sont pour rien.
A ceux qui me demandent de me présenter devant la justice, je répondrai que je suis un homme de conviction et que cette justice qui a condamné Antone Adami à onze années de prison pour deux attentats, qui a aussi incarcéré le pauvre Marcellu Lorenzoni à 18 mois avec un dossier vide (et la liste est longue) et qui a relâché après deux mois de détention l'infâme Bonnet et ses sbires qui avaient comme projet celui de relancer la guerre entre nationalistes, cette justice d'exception au service de l'éradication du mouvement national, je en peux la cautionner. Je ne pense pas un seul instant me rendre à la justice. !
Je veux profiter de l'occasion qui m'est donnée pour faire savoir à mon épouse et à mon fils adoré, à ma mère tant aimée, à toute ma famille, à tous mes amis, que je suis en bonne santé et que le moral est d'acier. Je tiens aussi à remercier tous ceux qui, en Corse et ailleurs m'ont témoigné aide et sympathie. Pour terminer, j'exprime ma plus profonde solidarité à toutes les victimes de la répression.
Vive le Peuple Corse. Vive la nation corse.
Yvan ColonnaPatriote recherché
Chères sœurs et chers frères
Voici la lettre que je vous demande de publier dans le Ribombu, et cela, pour répondre à la demande de mon avocat, Antoine Sollacaro (qui devrait, si tout va bien, recevoir une copie) et cela, afin de clarifier ma position. De là où je suis, j'ai peu de nouvelles de la Corse et toujours pas de nouvelles de ma famille, tant la pression est importante. Mais cela ne m'empêche pas de garder confiance et foi dans notre lutte qui, j'espère aboutira.
Je vous embrasse tous. Résistance ! Toujours et plus que jamais.

FACE QUASI DICIOTTU MESI CH´EIU MI NE SO ANDATTU DA CASA MEIA. DIPOI, SO SENZA NUTIZIA DI I MEI E ELLI, DI ME. SE MI SPRIMU OGHJE, GHJE PER RISPONDE A L´ACCUSE CHI SO PURTATE CONTRU A ME. PA PRINCIPIA, TENGU A RIAFFIRMA CHI PA CIO CHI TOCCA A A VIULENZA PULITICA IN CORSICA, AGHJU SEMPRE DIFESU A LISTESSA PUSIZIONE : PA ME, SO ATTI DI RESISTENZA DI PETTU A UNA PULITICA DI NEGAZIONE DI U NOSTRU POPULU E DI I SO DIRITTI. STA PUSIZIONE, A DIFENDERAGHJU FIN´CH´UN SARA SULUZIUNATU U PRUBLEMA PULITICU CORSU. SULAMENTU, UN DA A NIMU U DIRITTU DI GHJUDICAMI E DI CUNDANAMI CUME HE STATA FATTA SINA A AVA PARCHE EIU NEGU CU FORZA I FATTI CHI MI SO RIMPRUVERATU IND´E L´AFFARE DI « PETRUSELLA » E « ERIGNAC ». UN´CI AGHJU MICCA PARTICIPATU ! D´APRESSU A CIO CH´AGHJU SAPIUTU, DUI MILITANTI NAZIUNALISTI INCARCERATI MI HANU MESSU IN CAUSA. DIPOI PIU DI UN ANNU, MI SI RODE UNA QUISTIONE : PARCHE ? CI SARA UNA RAGGIONE IMPURTATISSIMA, MA UN TOCCA MICCA A ME A DALLA. D´ALTRA PARTE, TENGU A DI CH´UN AGHJU BENEFIZIATU DI NISUN CUMPLICITA IN LA ME SCAPPATA. U ME TRAVAGLIU CHI MI CHJAMAVA TANDU IN MUNTAGNA M´HA PERMESSU DI FRANCALLAMI. QUANDE M´APPRUNTAVA A TURNA IN CASA MEIA, AGHJU AMPARATU CHI ERA RICIRCATU… MA DINO, DIGHJA CUNDANATU ! AGHJU TANDU DECISU DI PIGLIA RINCULU, E AGHJU FATTU BEN. U ME BABBU E I SO AMICHI SUCIALISTI UN CI SO PER NULLA. A QUELLI CHI MI DUMANDANU DI PRISENTAMI DAVANTI A A GHJUSTIZIA FRANCESA, RISPONDERAGHJU CHI SO OMU DI CUNVIZIONE E CHI STA GHJUSTIZIA CHI HA CUNDANNATU ANTONE ADAMI A 11 ANNI DI PRIGHJO PA DUI ATTENTATI, CHI HA INCARCERATU U PUVARETTU MARCELLU LORENZONI A 18 MESI CU UN CARTULARE VIOTU (E A LISTA HE LONGA), E CHI HA RICAPPIATU DOPU A MANCU DUI MESI DI PRIGHJO L´INFAME BONNET E I SO « SBIRRI » CHI AVIANU CUM´E PRUGHJETTU DI RIATTIVA L´AFFRUNTAMENTE TRA I NAZIUNALISTI, STA GHJUSTIZIA D´ECCEZZIONE A U SERVIZIU DI A SRADICHERA DI U MUVIMENTU NAZIUNALE UN LA POSSU CAUZIUNA : UN PENSU MANCU STAMPA A METTEMI IN MANU ! VOGLIU PRUFITTA DI L´OCCAZIONE CHI M´HE DATA PA FA SAPE A LA ME MOGLIA E A U ME FIGLIOLU CARI, A A ME MAMMA TANT´AMATA, A ME FAMIGLIA SANA E A TUTTI I ME AMICHI CHI SO IN BONA SALUTE E CHI U MURALE HE D´ACCIAGHJU. TENGU A RINGRAZIA TUTTI QUELLI CHI, IN CORSICA E ALTRO, M´HANU TESTIMUGNATU AIUTU E SIMPATIA. DA COMPIE MANDU UN SALUTU FRATERNU A TUTTE VITTIME DI A RIPRESSIONE.EVVIVA U POPULU CORSU, EVVIVA A LOTTA, EVVIVA A CORSICA NAZIONE.
YVAN COLONNA, PATRIOTTU RICERCATU.
CARE SURELLE, CARI FRATELLI,ECCU A LETTERA CHE VI DUMANDU DI PUBLICA IN LU RIBOMBU, PA RISPONDE A LA DUMANDA DI U ME AVUCATU, ANTONE SOLLACARO (CHI AVARIA, SE TUTTU SI PASSA BE, DA RICEVE UNA COPIA) A FINE DI CHJARIFICA A ME PUSIZIONE. DA INDUVE SO, AGHJU POCU NUTIZIE DI A CORSICA, E SEMPRE MICCA DI A ME FAMIGLIA TALMENTE A « PRESSIONE » ANNANTU A ME HE MAIO… MA UN M´IMPEDISCE MICCA DI TENE FEDE IN LA NOSTRA LOTTA CHI FORSE SBUCCARA. VERIFICATE SEMPRE CH´UN AGHJU MICCA FALTATU SCRIVENDU STA LETTERA IN LINGUA NUSTRALE, MA ERA IMPURTANTE PA ME DI FA CUSI.TANTI BASGI A TUTTI D´UN PATRIOTTU RICERCATU E… RESISTENZA ! SEZMPRE E PIU CA MAI.