dijous, 29 de novembre del 2007

29 novembre 2007 ."Je pense souvent à Ivan".Le monde"

“Je pense souvent à Yvan…”
On va beaucoup parler d’elles au procès Colonna et on a déjà commencé, mercredi. Le juge antiterroriste Gilbert Thiel en a livré quelques phrases à la barre, en soulignant qu’elles avaient “beaucoup compté” pour lui. Ce sont deux lettres écrites de prison, après ses aveux, par Pierre Alessandri, l’ami d’Yvan Colonna qui l’a désigné comme le tireur le soir de l’assassinat du préfet Claude Erignac. Elles sont adressées à Stéphane Colonna.
La première date du 2 juin 1999.
“J’espère que cette épreuve n’a pas modifié ton amitié envers moi et ma famille et que tu jetteras un oeil sur Michèle et les enfants (…) Je sais que ça doit être difficile pour tes parents ainsi que pour les miens d’admettre certaines choses, mais il faut que tout le monde essaie de nous comprendre, c’est capital et vital pour nous”.
La seconde est écrite le 25 juin.
“ Pendant ma garde à vue, notre garde à vue, on s’est retrouvé dans la situation de faire un choix humain ou un choix militant. Le choix militant consistait à se taire et à laisser embarquer dans la galère toutes les femmes, les amis, qui n’avaient rien à y voir, toi y compris. Ou alors, faire un choix humain qui n’est pas bon pour nous, par rapport à ce qu’on risque, mais il fallait dégager tout le monde en avouant.
Tu peux me croire, c’est une épreuve terrible et je suis toujours en train de me demander si on a fait le bon choix: l’avenir nous le dira. Cet avenir, il passe par une prise de conscience des Corses. Je crois que nos actes ont amené tout le monde au pied du mur, j’espère que le bon sens l’emportera. (…)
Je pense souvent à Yvan en me demandant s’il a fait le bon choix et quand je descends en promenade et que je vois l’état de la prison, les ordures accrochées aux poubelles, la crasse dans les douches, les morceaux de crépi qui me tombent dessus du plafond quand je dors, je me dis que peut-être, il est mieux là où il est, va savoir (…) J’espère que ton père a gardé le moral et la force de s’occuper des oliviers que vous avez plantés”.
Dix-sept mois plus tard, Pierre Alessandri a rétracté ses aveux concernant Yvan Colonna. Après sa condamnation à perpétuité au printemps 2003, il s’est désigné comme le tireur du 6 février 1998.