dissabte, 24 de novembre del 2007

La parole des Corses confisquée par les nationalistes . Declaracions dels anticorsos

La parole des Corses confisquée par les nationalistes
Par Marie-Dominique Roustan-Lanfranchi, de l'Association de défense des droits des Corses dans la République. Avec le procès Colonna, les nationalistes monopolisent les médias, ce qui donne l'impression que le discours indépendantiste domine sur l'île.

Marie-Dominique Roustan-Lanfranchi © DR
Après les dernières visites de Nicolas Sarkozy, et la tenue, dans l'Ile du Conseil des Ministres, la Corse continue de faire la une de l'actualité avec le procès Colonna, et chaque évènement devient une caisse de résonance pour les nationalistes, dont les émissions et journaux télévisées recueillent quasi-exclusivement les propos. J'en suis révoltée, mais aussi profondément attristée. Car beaucoup, qui ne savent rien de la Corse et de ses habitants, ne s'en font une opinion qu'à travers les déclarations de nationalistes insulaires, et s‘imaginent - bien à tort - que tous les Corses auraient les mêmes points de vue que MM. Talamoni, Siméoni et leurs amis, qui ne représentent qu'un courant minoritaire au sein de la population de l‘île. Comme beaucoup d'autres insulaires, je ne supporte plus que la véritable image de la Corse soit en permanence déformée ! J'en ai assez de tous les clichés obligeamment relayés : - Assez que M. Siméoni nous joue le couplet de la Corse hospitalière, où chacun aurait toujours table ouverte pour qui fuit la justice. Serait-il prêt à ouvrir sa porte à des continentaux fuyant la violence des clandestins ? Les plastiquages visant de braves gens dont le seul tort est de ne pas être nés sur l'île, le lâche assassinat de Claude Erignac , du seul fait qu'il était préfet et représentait la République, sont-ils des actes qui pourraient s'accorder avec la notion de l'hospitalité que nous ont enseignée nos aînés ? En Corse y aurait-il désormais deux classes de citoyens : ceux qui, protégés par un label décerné par les nationalistes, auraient droit à tous les égards et le reste de la population ? - Assez que M. Talamoni s'arroge le droit de parler au nom du « peuple corse » lorsqu'il considère par exemple que la France serait un état étranger. Pourquoi ne se limite-t-il pas à s'exprimer en son nom propre, ou au nom de la mouvance qu'il représente plutôt que d'associer la population de l'île à ces conceptions surréalistes et archaïques qu'elle ne partage pas ? Pourquoi feint-il d'ignorer que les Corses aiment, dans leur grand majorité, autant leur pays que leur île ? - Assez qu'eux et quelques autres massacrent nos valeurs ancestrales en trouvant une justification à l'assassinat du préfet Erignac. Assez de cette violence et de ces destructions perpétrées « au nom et pour le bien du peuple corse », qui ne veut surtout pas de ce « bonheur » là ! - Assez que l'attitude ambiguë des gouvernements successifs. La complaisance coupable dont ils ont fait preuve à l'égard de certains groupuscules terroristes a permis à cette violence de devenir un moyen d'expression, de pression et de négociation. - Assez que l'on s'appesantisse davantage sur le sort et les états d'âme des poseurs de bombes que sur les souffrances et le désarroi de leurs victimes. - Assez que l'on prétende qu'en Corse la majorité serait « silencieuse ». Il y a dans l'île des représentants de partis traditionnels, d'organisations syndicales, d'associations, ou même des simples citoyens, qui ne craindraient pas de s'exprimer, et cela sans langue de bois, pour peu qu'on leur en donne l'occasion. - Assez que tant de journalistes ne se rendent pas compte qu'en recherchant systématiquement l'info spectacle, ils passent à côté de la vérité et creusent un fossé d'incompréhension (et pour cause ! ils n'ont droit qu'à un seul « son de cloche » !) entre les Français du continent et les Français de Corse. Les Corses sont des Français comme les autres. Ils n'ont rien de « différent » dans les difficultés qu'ils traversent au quotidien. Ils ne s'estiment pas « particuliers » lorsqu'ils ont pour souci de trouver un emploi et d'assurer l'éducation et l'avenir de leurs enfants. Ils ne pensent pas que leurs aspirations soient « spécifiques » lorsqu'ils demandent enfin à vivre en sécurité, loin des feux déformants des caméras de télévision. Mme Marie-Dominique Roustan-Lanfranchi est président de l'Association de défense des droits des Corses dans la République.