dimarts, 27 de novembre del 2007

Procès Colonna : les méthodes d'enquête de Roger Marion en accusation

Procès Colonna : les méthodes d'enquête de Roger Marion en accusation
LE MONDE 24.11.07
"epuis plusieurs jours, Yvan Colonna assiste en spectateur à son procès. Mais son entrée en scène est méthodiquement préparée par ses défenseurs. Pour l'heure, chacun a le regard tendu vers le lundi 26 novembre, jour où Roger Marion viendra déposer à la barre. L'ancien responsable de la division nationale de l'antiterrorisme (DNAT) a été la cible principale de tous les témoins convoqués devant la cour, du 21 au 23 novembre, qui ont dressé un récit accusateur de ses méthodes d'enquête et de ses erreurs.

Cela a commencé avec Démétrius Dragacci. Rien ne va plus entre cet ancien patron du SRPJ d'Ajaccio et M. Marion, depuis que le second a écarté le premier de l'enquête sur l'assassinat du préfet Erignac. La polémique s'est aggravée lorsque M. Marion a publiquement accusé son collègue, originaire de Cargèse, d'avoir permis à Yvan Colonna de prendre la fuite en alertant son père sur la surveillance dont le berger faisait l'objet.
Une plainte pour "dénonciation calomnieuse" a été déposée. Mais, devant la cour d'assises, Démétrius Dragacci n'avait pas besoin d'en rajouter. Sa plus belle revanche figure au dossier d'instruction. C'est une pièce datée du 12 février 1998, qu'il avait adressée à sa hiérarchie. "L'assassinat qui, le 6 février 1998, a coûté la vie au préfet Erignac, action revendiquée par un groupe anonyme, relève au vu des éléments jusqu'ici recueillis d'une radicalisation de l'action violente menée par un groupe dissident de l'ex-FLNC", écrivait-il.
- "Le 12, vous aviez quasiment bouclé l'affaire !, s'est exclamé l'avocat général Yves Jannier.
- Restaient à identifier les auteurs", a relevé, faussement modeste, l'ancien commissaire.
Pendant que Démétrius Dragacci se retirait pour "ne pas cautionner une enquête faite dans le désordre", M. Marion et ses hommes de la DNAT allaient s'embourber pendant dix-huit mois sur une fausse piste, convaincus que l'origine de l'assassinat était à rechercher dans le contentieux qui avait opposé le préfet à des syndicalistes agricoles nationalistes. 340 interpellations, 42 mises en examen et au bout de la "piste agricole" de M. Marion, rien.
"PRESSION PSYCHOLOGIQUE"
Cités par la défense, les suspects d'hier, qui ont souvent payé de plusieurs mois de détention provisoire les errements de l'enquête, sont revenus en procureurs devant la cour d'assises. Parmi eux, Dominique Mathieu Filidori, dirigeant du Syndicat corse de l'agriculture, mis en examen pour l'assassinat du préfet avant de bénéficier d'un non-lieu, qui a raconté comment les enquêteurs de la DNAT avaient déposé un sac d'explosifs sur son exploitation pour mieux le confondre ; Stella Castela, qui a dénoncé les conditions humiliantes et la "pression psychologique très forte" de ses heures de garde à vue ; et, surtout l'époux de cette dernière, Jean Castela qui avec Vincent Andriuzzi avaient été présentés comme les "commanditaires" de l'assassinat du préfet et condamnés lors du premier procès de cette affaire à trente ans de réclusion avant d'être acquittés en appel.
Le réquisitoire qu'ils ont livré sur les méthodes de M. Marion et des magistrats antiterroristes répondaient aussi à des considérations stratégiques. Car il s'agit de baliser le terrain pour les jours à venir, lorsque la cour examinera les conditions dans lesquelles les membres du commando et certaines de leurs compagnes ont passé des aveux sur l'assassinat du préfet et dénoncé M. Colonna.
Pascale Robert-Diard