dissabte, 24 de novembre del 2007

18 novembre 2007 Qui a vu quoi à Ajaccio, le 6 de féfrier 1998 , a21h05?.Le Monde

18 novembre 2007
Qui a vu quoi à Ajaccio, le 6 février 1998, à 21H05?
Le procès d’Yvan Colonna entre lundi 19 novembre dans sa deuxième semaine. La cour va reprendre l’instruction de ce 6 février 1998, à 21h05, lorsque cinq tirs - “deux détonations - un blanc - trois autres“, selon les témoins - ont éclaté dans la rue Colonel Colonna d’Ornano, à Ajaccio. Vendredi, après la déposition de l’épouse et deux enfants de Claude Erignac,Yvan Colonna a de nouveau affirmé qu’il n’était pas l’assassin du préfet.
De lundi à mercredi, tous les témoins visuels de cet instant vont défiler devant la cour. Il faisait noir et sombre et aucun d’entre eux n’a pu identifier formellement les agresseurs du préfet. Le témoignage le plus précis est celui de Joseph Colombani, trésorier de l’organisation organisatrice du concert, qui ce soir là, attendait devant la porte de la salle Claude Erignac parti garer sa voiture. Alors qu’il apercevait la silhouette du préfet qui s’approchait, il a entendu une première détonation et distingué deux hommes à proximité de Claude Erignac.
“Il avait alors vu la future victime regarder l’homme qui se trouvait sur sa gauche, puis se tourner et se pencher en avant, en s’arc-boutant tout en continuant à progresser sur sa droite vers l’impasse, puis sur sa gauche vers le trottoir face au restaurant le Kalliste. Il pensait avoir entendu un second coup de feu au moment où la victime accédait au trottoir et il avait alors vu celle-ci tomber au sol et les deux hommes se rapprocher d’elle, l’homme qui jusque là se trouvait à gauche se positionnant au-dessus du corps, droit, les deux mains tendues et le bras droit en direction du haut du corps allongé au sol. Deux ou trois nouvelles détonations avaient alors retenti. Les deux individus avaient alors reculé jusqu’au milieu de la ruelle impasse en regardant le corps et en observant les alentours, l’homme qui avait tiré avait alors fait le geste de jeter quelque chose au sol, puis tous deux en pressant le pas mais sans courir s’étaient dirigés vers le cours Napoléon“, selon le résumé de son témoignage tel qu’il est repris par l’ordonnance de mise en accusation.
D’autres témoins, dont une mère et sa fille qui remontaient au même moment la rue, ont aperçu deux ou trois hommes.
La question du nombre et du positionnement des agresseurs du préfet est bien évidemment centrale et ne devrait pas manquer de relancer le débat amorcé à l’audience sur la corpulence supposée du tireur. Les observations de l’expert légiste, selon lesquelles celui-ci ne peut être que de “haute stature”, ont réjoui la défense d’Yvan Colonna et fait le tour des médias jeudi soir, alors même qu’elles n’avaient donné lieu à aucun débat devant la cour, ni l’avocat général, ni la partie civile n’ayant eu l’à propos de les relever.
Ce n’est que le lendemain, après que leur fût parvenu l’écho amplifié par les télévisions et les radios de ces remarques d’audience - et peut-être aussi après avoir reçu un appel inquiet et impérieux de leur hiérarchie - que les deux avocats généraux ont réagi. A l’ouverture des débats, vendredi matin, l’avocat général Yves Jannier a du coup demandé à la cour de faire circuler l’ensemble des photos de la scène du crime et de l’autopsie de Claude Erignac, alors même que l’absence des experts pour les commenter empêchait tout débat contradictoire digne de ce nom.
Cet épisode est particulièrement révélateur du climat sous haute tension politique de ce procès qui donne l’impression de pouvoir basculer à tout instant. Les propos du médecin légiste - qui est reconvoqué lundi 19 novembre devant la cour - ont aussitôt électrisé l’atmosphère alors qu’ils souffrent de deux limites qu’il aurait suffi à l’accusation de relever: la première est que ce n’est pas de lui, mais de l’expert balistique, que l’on attend des considérations sur les trajectoires des tirs; la seconde est que, parmi les membres du commando identifiés, aucun ne correspond à l’homme de “haute stature” évoqué par le médecin, et certainement pas celui qui s’accuse désormais d’être le seul à avoir tiré sur le préfet, Pierre Alessandri, à peine plus grand que Yvan Colonna.
Le 6 février 1998, Claude Erignac a pourtant été assassiné de trois balles dans la nuque.