diumenge, 16 de desembre del 2007

PROCES COLONNA - jour #4 - 15 novembre 2007 - Le commissaire Frizon sur le grill


Pour ce quatrième jour d'audience, la défense a sérieusement malmené l'ex-bras droit de Roger Marion à la DNAT.


"J'ai l'impression de voir un candidat passer le bac français sans avoir révisé." La sentence provient d'un journaliste confortablement installé en salle de vidéo-transmission, où la presse peut assister, en direct, aux débats qui se déroulent dans la salle d'audience. A la barre, Philippe Frizon, ancien adjoint de Roger Marion à la DNAT (actuelle SDAT). ce dernier est venu expliquer le travail d'analyse mené par les policiers sur les communiqués de revendication des "attentats préparatoires" et de l'assassinat du préfet Claude Erignac.n "On a l'impression, en lisant les PV, que les mises en garde contenues dans certains communiqués n'ont été prises au sérieux que le 8 février 1998", soit deux jours après l'assassinat, note le président Dominique Coujard. Dans sa déposition, Philippe Frizon se trompe sur les dates et fournit des explications passablement embrouillées. "En définitive, c'était un peu flou pendant cette période", remarque perfidement le ministère public. "Vous savez, mois, j'ai commencé à m'occuper du dossier à partir de 1998" explique Frizon. En clair : pour les communiqués remontant à 1997, voyez caisse. C'est d'ailleurs la ligne de fuite empruntée par le policier. Aux questions gênantes de la défense, il répond invariablement : "demandez aux magistrats instructeurs." Evoquant des "confusions revendicatives", pendant tardif des "similitudes sémantiques" mises en avant par la DNAT en 1998 pour justifier les charrettes de militants vers Paris, le commissaire peine à décrypter le processus, certes complexe, qui a mené le groupe Sampieru et les "Anonymes" à multplier les communiqués de revendication et de mise en garde. La première charge de la défense sera menée par maître Pascal Garbarini. "Vous venez de parler de "recherches sommaires" à propos de certains communiqués. Vous voulez dire que, disposant de communiqués revendiquant un attentat et l'imminence d'un assassinat, vous n'avez mené que des "recherches sommaires" ?" Vient le tour de maître Gilles Simeoni. ce dernier va se livrer à une démonstration aussi méthodique qu'implacable. - "Monsieur le commissaire, demande l'avocat d'un air matois, pouvez-vous nous dire qui sont, selon vous, les rédacteurs du communiqué du 6 septembre 1997 ?" - "Non" répond le policier. Idem pour les autres communiqués, que Me Simeoni décline les uns après les autres. L'avocat poursuit : "- Vous n'avez donc, après ces huit années, aucune explication à fournir sur l'identité de ceux qui ont rédigé et/ou envoyé ces communiqués à la presse ?" Le policier s'emporte : "- Nous avons mené un travail très important d'analyse pendant plus de huit mois en 1998." -"Pour aboutir à quelles conclusions ?" interroge Me Simeoni. Silence du témoin. - "Vous voulez donc dire que votre travail n'a pas abouti, n'a servi à rien ? Près de dix ans après les faits, vous ne savez toujours qui a bien pu rédiger ces communiqués ?" Silence du témoin. - "J'oubliais, ironise Me Simeoni : il a abouti à deux acquittements." En février 2006, à l'occasion du procès d'appel de Jean Castela et Vincent Andriuzzi, le commissaire Frizon avait déjà été considérablement malmené par la défense : PV bâclés, procédure incomplète, le catalogue des critiques avait achevé d'emporter l'intime conviction des magistrats. Et le procès s'était soldé par la libération de castela et Andriuzzi. Ces "confusions" n'allègent certes pas les charges retenues contre Yvan Colonna. Mais elles contribuent à fragiliser une accusation qui commence à montrer ses failles.


Antoine Albertini