diumenge, 16 de desembre del 2007

PROCES COLONNA - Jour #5 - La "mission impossible" du préfet Claude Erignac


Le président a donné lecture de deux lettres rédigées par le préfet Claude Erignac avant et après sa nomination en Corse. Le haut fonctionnaire y décrit une "mission impossible".


Deux feuillets pour dire l'inquiétude d'un homme, deux lettres aux en-têtes différents mais aux préoccupations identiques : celles d'un préfet peu réjoui et inquiet d'une nomination en Corse. A la veille de son départ pour l'île, Claude Erignac, en poste à Versailles, prend sa plume. Sur du papier à en-tête du préfet des Yvelines, il trace ces quelques mots : "Histoire d'un piège, chapitre un". Le préfet vient d'apprendre qu'il sera nommé en Corse. Une "marque de confiance du président de la république", note-t-il, mais aussi, il l'écrit comme il le pressent : une "mission impossible" entre "négociations plus ou moins secrètes" et "restauration de l'autorité de l'Etat". Claude Erignac désigne même Pierre-Etienne Bisch*, éminence grise de Charles Pasqua comme ayant joué un rôle décisif dans son affectation en Corse. Il s'interroge, aussi, sur l'état d'esprit de son épouse, elle non plus guère réjouie de devoir boucler ses valises pour l'île : "Dominique fait contre mauvaise fortune, bon coeur. Il faudra lui prévoir des respirations parisiennes." La seconde lettre débute par ces quelques mots, qui confirment le malaise du préfet : "En une semaine, le bilan est simple : 2 morts, 2 assassinats en plein jour..." Le préfet explique qu'il a appris la nouvelle en pleine réunion technique. Il dévide le fil de ses craintes, confirmées par les faits : des revendications de socioprofessionnels "qui veulent le beurre" et l'argent du beurre., une situation délétère. Les idées noires, Claude Erignac décrit le décor "médiocre" de la préfecture de Corse, une sorte de "palais italien bien délabré" qui lui fait regretter le "grand luxe de Versailles", une affectation qu'il avoue pourtant n'avoir jamais aimée. Son action en Corse ? "Les dossiers techniques" explique le préfet. Non pas le "domaine politique" que se réserve Paris. Ses premières vues de la Corse contrastent singulièrement avec ce que vient d'en dire sa veuve, Dominique (voir les extraits de sa déposition : "Il m'a dit "à tout de suite"...") : "le bord de mer est nul et sale, l'intérieur ressemble à la Lozère." Interrogé à la barre sur les sentiments qu'inspirait à son père sa nomination en Corse, Charles-Antoine Erignac, 30 ans explique : "Il m'avait dit : c'est une mission impossible. Il n'en avait pas envie, tout simplement." * notice biographique complète et CV disponibles sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Etienne_Bisch


Antoine Albertini