diumenge, 16 de desembre del 2007

Vingt mille lieues sous les mers, la déposition de Roger Marion 1/2


Au cours d'une déposition confuse, Roger Marion a retracé tous les épisodes de l'enquête. Et a expliqué pourquoi Yvan Colonna n'avait pas été interpellé en même temps que les autres membres du commando.


Qui se souvient de Dany Dan, le prestidigitateur moustachu qui fit les belles nuits des animations en discothèque dans la Corse des années 80 ? Roger Marion, ex-patron de la DNAT et directeur de l'enquête sur l'assassinat du préfet Claude Erignac ne porte pas de bacchantes mais il témoigne de singulières capacités à hypnotiser son auditoire - voire, à l'endormir. Dès le début de sa déposition, ce matin, à 10 heures, l'ancien policier de haut vol s'est lancé dans des explications passablement embrouillées, mêlant cours de procédure pénale, analyse de communiqués de revendication, évoquant les attentats de Pietrosella, la filière porcine, la Fiat Brava de Pierre Alessandri et, last but not least, la fausse piste mafieuse et la Brise de mer. Cerise sur l'indigeste gâteau, citant Jean-Paul Sartre, Roger Marion livre sa vision des aveux : « l'obtention des aveux, professe le préfet, c'est une lutte des consciences. » Whaow. Délaissant les références littéraires, Roger Marion va donc, pendant près d'une heure, revisiter l'enquête Erignac. Un modèle de travail de police judiciaire, croit-on comprendre. 58 minutes après ses premiers mots à la barre, le président Dominique Coujard finit tout de même par s'impatienter poliment : - « Et donc, à ce stade de vos explications, il s'agit maintenant d'aller chercher Yvan Colonna ? » D'Yvan Colonna en effet, Roger Marion ne semblait pas décidé à parler. Dans le box, même l'intéressé semblait un peu absent, comme si le déroulé des événements ne le concernait pas. Pressé par le président Coujard, Roger Marion finit donc par aborder le cas Colonna. Ou plutôt « les » cas Colonna. « Pour les magistrats, explique le préfet, il était inconcevable d'aller chercher Yvan Colonna avant que son nom n'apparaisse en procédure. Il ne s'agissait pas seulement d'aller interpeller Yvan mais aussi Stéphane et Martin Ottaviani. » D'ailleurs, poursuit Roger Marion, Stéphane, le frère d'Yvan, « est beaucoup plus suspect, raison pour laquelle il était placé sur écoute judiciaire dès le 17 mai. » Seulement voilà, le dimanche matin, pas d'Yvan Colonna. Comment expliquer le raté ? Selon Marion, la raison en est fort simple, c'est d'ailleurs sa dernière version en date : « pourquoi je n'ai pas inclus Yvan Colonna dans la liste d'objectifs ? Parce qu'il n'avait pas de téléphone ! (...) Personne n'avait parlé d'Yvan Colonna ! » Roger Marion n'aura de cesse de le marteler : c'est aussi sur le terrain que les choses se sont mal passées. En clair : ses propres adjoints et les RG - « censés connaître le terrain » fait-il perfidement observer - n'ont pas fait correctement leur travail. Un peu court... Quant à la culpabilité d'Yvan Colonna, Roger Marion, questionné par Maître Philippe Lemaire, l'avocat de la famille Erignac, l'affirme : « les aveux de Maranelli sont vérifiés et corroborés. L'homme qui est dans le box est bien le 7ème homme du commando, l'assassin du préfet Erignac. » Au cours de sa déposition, guère convaincante pour le moment - elle se poursuit toujours à l'heure actuelle, sous un feu roulant de questions -, Roger Marion a peu emballé. Dans la salle de vidéo-presse où les journalistes assistent en direct aux débats sur grand écran, un correspondant d'agence redoute un éventuel procès d'appel : « à chaque fois, il s'enfonce un peu plus, le bonhomme. »


Antoine Albertini