diumenge, 16 de desembre del 2007

PROCES COLONNA - Jour 6 - Revue de presse de la semaine passée


Alors que s'ouvrent à nouveau les débats, voici les principaux développements de la presse au long de la semaine écoulée.


Dans l'ensemble, les media ont opté pour une neutralité de bon aloi. Qui n'est toutefois pas exempte de certains parti pris -mais comment faire autrement dans une affaire où l'intime conviction des uns et des autres, à commencer par les magistrats aura un poids considérable, voire déterminant ? Au détour des comptes-rendus globalement assez sobres, on repère cependant çà et là, dans le choix des mots, l'ombre de la subjectivité. Sur l'affaire. Sur le prévenu. Et parfois sur le « peuple » dont il se réclame « patriote ». Ainsi dans les colonnes de Libération, Patricia Tourancheau établit dans ses articles consacrés aux deux premiers jours du procès un subtil distinguo entre d'une part « la famille Erignac » et d'autre part « le clan Colonna ». Les Corses n'auraient donc pas de liens familiaux, uniquement des rapports claniques ou est-ce un louable souci d'éviter les redites ? Le 13, dans un article intitulé « Procès Colonna : un mois pour rétablir la vérité » la journaliste de Libération relève qu'Yvan Colonna est jugé pour « le crime le plus grave qui ait été commis en trente ans de violence politique en Corse » . Ainsi, il est donc des degrés de gravité dans le meurtre selon l'état-civil et les fonctions de la victime ? Il existe, il est vrai, on se doit désormais d'intégrer ce fait, des nuances dans la façon d'appliquer le principe de la présomption d'innocence, selon que l'intéressé sera ou non un proche du président de la République... Dans La Croix qui le 13 novembre, titre « Yvan Colonna se décrit comme un patriote corse » Emmanuelle Reju semble surprise de voir qu'à un certain moment de l'audience le berger « s'efface derrière l'ancien étudiant de niveau universitaire, le fils de député, le militant aguerri de la cause nationaliste » avant de faire montre d'un don de divination qui, en d'autres temps, lui aurait sans nul doute valu les foudres de l'Eglise. Rendant compte de la deuxième journée d'audience, elle écrit en effet que « L'accusé (NDR : Yvan Colonna) se rassoit avec le sentiment d'avoir marqué des points. » On se prend à regretter que ses remarquables aptitudes à s'immiscer dans les pensées d'autrui ne soient pas exploitées avec profit par les magistrats, la justice y gagnerait en célérité... Pour Le Monde, la chroniqueuse judiciaire Pascale Robert-Diard choisit la rigueur, privilégiant avant tout les faits, le compte-rendu des dires des différents protagonistes du procès. Détail amusant, cependant, son apparente obsession (dans son blog le 14, un billet intitulé « Comment prononcez-vous Colonna ? » , puis dans son compte-rendu, daté du même jour « Jean-Hugues Colonna, un père à la barre, entre détresse et emphase ») pour la prononciation des noms en corse. Dans laquelle elle n'entend décidemment pas les voyelles finales, pourtant présentes quoique non accentuées. Si Pascale Robert-Diard n'entend parfois pas les voyelles en langue corse, elle s'y entend en revanche parfaitement à restituer l'ambiance des débats, à y apporter de la couleur, du ressenti sans s'essayer pour autant à la prescience. Evoquant les explications manifestement laborieuses de Jean-Hugues Colonna sur sa lettre adressée le 28 mai 1999 à Mme Erignac, elle parle d'une déposition « que l'on imagine » -et non qu'elle devine- « maintes fois répétée et biffée. » S'agissant de la troisième journée du procès, le 14, Stéphane Durand-Soufflant pour Le Figaro, relate d'une plume alerte et rigoureuse l'audition des proches d'Yvan Colonna. C'est tout particulièrement celle, savoureuse, du rugbyman Daniel Herrero, qui retient son attention ce jour-là. Il rappelle cela dit que « Aux assises, les témoins de moralité, par définition, ne sont pas interrogés sur les crimes poursuivis. Il est donc vain de vouloir leur faire dire plus qu'ils n'en disent spontanément, ou de tordre leur déposition de manière artificielle. » Ce à quoi, dit-il, semble pourtant s'être essayé un des avocats de la partie civile après le témoignage de Daniel Herrero dont la faconde pittoresque a semble-t-il laissé de marbre Patricia Tourancheau. Son compte-rendu de la journée du 14 se concentre sur « le vif du sujet, à savoir les crimes reprochés à Yvan Colonna » et plus particulièrement l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella. La journaliste de Libération n'en est visiblement pas revenue : « Le berger de Cargese, qui se dit victime d'une justice antiterroriste dévoyée ayant « érigé [sa] culpabilité en vérité biblique » et qui tient à faire valoir son innocence, a étrangement laissé passer l'occasion de s'expliquer. » Ainsi Colonna a-t-il refusé la tribune offerte d'une phrase lapidaire : « Comme au premier jour, je dis que je n'ai pas participé à la gendarmerie de Pietrosella, pas plus qu'à l'assassinat du préfet, pas plus qu'au groupe des anonymes. » écrit-elle. Un accusé qui se dit innocent et qui, dans la logique même du système de défense qu'il a choisi, ne répond que par une brève dénégation aux questions concernant des faits auxquels il affirme ne pas avoir pris part, voilà qui est en effet bizarre. Titre de son article, donc : « Colonna laisse passer l'occasion de s'expliquer ». De son côté Zoé Lavigne retient plutôt de cette journée, et c'est le titre principal de la pleine page de Corse-Matin, que « La défense marque des points », ajoutant que c'est « une autoroute » qui « s'est ouverte » pour les avocats d'Yvan Colonna. Le 4e jour du procès, bien qu'il ait été marqué par un petit coup de théâtre, avec la déclaration du médecin légiste tendant à indiquer que l'assassin du préfet serait plus grand qu'Yvan Colonna, on est étrangement laconique dans la presse nationale. Où l'on se contente le plus souvent d'une reprise de l'AFP, sans même prendre la peine d'en corriger une pourtant fort voyante faute de français « Hors, le tireur se trouvait derrière sa victime qui montait la rue du colonel Colonna d'Ornano. ». Toutefois, dans l'édition du 16 du Figaro, sous le titre « Colonna : le médecin légiste sème le doute », Stéphane Durand-Soufflant rend compte de la déposition du Dr Marcaggi. Et enchaîne : « Il n'en reste pas moins que Claude Érignac est mort le 6 février 1998. » pour faire place au témoignage du commandant de police Hélène Graziani et à l'énumération par cette dernière des effets personnels de M. Erignac. Dont un carnet de citations. Et de conclure : « Le genre de maximes que serre contre son coeur, avec les images de ceux qu'il aime, un homme bien. » De son côté, Corse-Matin titre à sa Une : « Le soutien inattendu du médecin légiste à Yvan Colonna » et si Jean-Marc Raffaelli fait également état du témoignage du commandant Hélène Graziani, pour lui « le point d'orgue de la journée, c'est la déposition du Dr Paul Marcaggi, le médecin légiste ». Il consacre également plusieurs colonnes au « tract prémonitoire qui n'a servi à rien », celui qui selon le président Coujard « donne une image visionnaire de ce qui va suivre » c'est à dire l'assassinat de Claude Erignac. Mais que nul ne semble avoir pris assez au sérieux pour empêcher ce meurtre. Pour le 5e jour, lors duquel Yvan Colonna s'est adressé à la famille du préfet et ont été produits deux textes de la main du préfet Erignac, certains journaux vont encore choisir de s'en remettre essentiellement aux agences de presse. Ainsi La Croix, qui publie sur son site Internet le jour même un article titré « Colonna : ce n'est pas moi qui ai tué » rédigé d'après AP. Même titre à peu de chose près sur le site de Libération où les déclarations de Colonna sont survolées rapidement, en mentionnant que « La veille, la défense du berger de Cargèse a semblé marquer un point. Le médecin légiste qui avait examiné le corps de Claude Erignac a en effet estimé que l'assassin du préfet doit faire « au moins » 1, 83 mètre, tandis que Colonna ne mesure que 1, 72 mètre. » Une place un peu plus importante est consacrée à la lecture des notes personnelles de M. Erignac : « Le préfet Erignac avait clairement conscience de partir vers une mission impossible ». De son côté, sur son blog, la chroniqueuse judiciaire du Monde, Pascale Robert-Diard publie deux billets. D'abord, « Le procès Colonna sous l'oeil de l'Elysée » où elle revient sur « la déposition à venir, le 26 novembre de Roger Marion » et l'entretien qu'a eu ce dernier avec le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant et qui « vaut d'ailleurs à Claude Guéant d'être appelé à s'expliquer devant la cour d'assises le 5 décembre. » Puis « Claude Erignac et l'histoire d'un piège » où elle cite de larges extraits des écrits de Claude Erignac quant à sa nomination en Corse. « Le document, écrit-elle -et ce sera là son seul commentaire personnel- est exceptionnel ». En revanche, pour Le Figaro et Stéphane Durand-Soufflant, le fait marquant de cette journée du 16 est la « polémique autour du rapport du légiste ». Il rapporte comment « les deux avocats généraux qui soutiennent l'accusation, Yves Jannier assisté de Christophe Teissier » ont remis en cause les dires du médecin légiste Paul Marcaggi, selon lequel l'assassin du préfet serait un homme de haute stature. Et il annonce que « le légiste devra revenir dès lundi compléter sa déposition, et il faudra une deuxième fois supporter les clichés de l'autopsie dont le parquet général, avec une pudeur qu'on ne lui connaît pas toujours, croyait pouvoir faire l'économie jeudi après-midi. ».


Elisabeth Milleliri